Colombie: Le cessez-le-feu des FARC bientôt échu
Les pourparlers visent à mettre fin à un demi-siècle de conflit entre les FARC et les autorités colombiennes.
Paul Haven, Associated Press La Havane, le 14 janvier 2013
Le principal groupe rebelle de Colombie a déclaré lundi qu’il mettrait fin à son cessez-le-feu unilatéral le week-end prochain, même si les négociations pour mettre fin au conflit ont repris dans la capitale cubaine. Le négociateur en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Ivan Marquez, a déclaré lundi qu’il n’y avait aucune chance que le groupe reconsidère sa décision d’abandonner son cessez-le-feu en vigueur depuis deux mois, auquel le gouvernement refuse de répondre. Les opérations militaires devraient reprendre dimanche. «Le cessez-le-feu unilatéral (…) prend fin le 20 janvier», a dit M. Marquez. «C’est tout.»
Même si cette décision était attendue, elle fait craindre un enlisement, voire un déraillement des négociations de paix à La Havane si les violences reprennent en Colombie. Les deux camps ont diffusé des communiqués appelant l’autre partie à avancer plus rapidement dans les discussions. Les négociations se poursuivaient lundi à Cuba, derrière des portes closes. Ivan Marquez a aussi présenté des demandes spécifiques en vue d’une réforme agraire, l’un des principaux points de désaccord entre les deux parties. Les rebelles ont également indiqué qu’ils étudiaient les propositions soumises par des citoyens colombiens lors d’un forum organisé en décembre à Bogota.
Le négociateur en chef du gouvernement, Humberto de la Calle, a déclaré qu’il espérait lui aussi que les négociations s’accélèrent. Il a indiqué que le gouvernement avait «mis de l’avant des solutions concrètes pour transformer les régions rurales» de Colombie, sans donner de détails. M. De la Calle a déclaré que le gouvernement était prêt à garantir que les accords conclus à La Havane seraient honorés, mais seulement quand les FARC accepteraient de renoncer à la violence. «Il ne peut y avoir de politique de guerre en Colombie», a-t-il dit. «Nous sommes venus à La Havane pour discuter des garanties permettant de créer une atmosphère démocratique, et pour inviter les FARC à faire partie de cette démocratie.»
Une Néerlandaise «épanouie» chez les FARC
«J’appartiens aux FARC parce que c’est la forme de lutte qu’a choisie le peuple colombien, parce qu’il n’a pas d’autre option que de lutter avec les armes», affirme Tanja Nijmeijer qui a rejoint la guérilla en 2002, après plusieurs séjours d’études en Colombie.
PHOTO ADALBERTO ROQUE, AFP
Agence France-Presse La Havane
Pas question de «retour en arrière» pour la Néerlandaise Tanja Nijmeijer qui s’affirme «épanouie» par les 10 ans qu’elle a passés au sein de la guérilla colombienne des FARC, alors qu’ont débuté à La Havane des négociations de paix entre la rébellion et le gouvernement colombien.
«Je ne peux pas revenir en arrière, et je ne veux pas retourner en arrière. Je me sens pleinement épanouie comme guérillera des FARC», affirme à l’AFP la philologue de 34 ans lors d’un entretien sur la place de la Révolution de La Havane, devant le portrait d’Ernesto Che Guevara, «que nous adorons tous, nous membres des FARC».
Et si elle n’avait pas rejoint la guérilla marxiste? «Je ne sais pas ce que je serais devenue. Peut-être je serais mariée, j’aurais trois enfants, un mari, peut-être je serais divorcée, mais tout cela ne m’aurait pas comblée comme je le suis d’être une guérillera des FARC».
Unique membre européenne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Tanja Nijmeijer, alias Alexandra dans la guérilla, a les yeux qui brillent lorsqu’elle évoque son intégration dans les FARC, la plus ancienne des guérillas d’Amérique latine, créée à la suite d’une révolte paysanne en 1964.
«J’appartiens aux FARC parce que c’est la forme de lutte qu’a choisie le peuple colombien, parce qu’il n’a pas d’autre option que de lutter avec les armes», affirme la frêle jeune femme qui a rejoint la guérilla en 2002, après plusieurs séjours d’études en Colombie.
Son adaptation à la vie de la guérilla a été «très difficile», se rappelle-t-elle en soulignant qu’elle se sent aujourd’hui «épanouie» et «très heureuse» d’appartenir à cette «avant-garde de la combativité».
«Cela fait 10 ans que je suis mariée avec l’armée du peuple, et cela me va très bien», lance-t-elle dans un radieux sourire.
«N’importe quel peuple au monde doit choisir sa propre forme de lutte et je veux féliciter tous les jeunes du monde qui luttent en ce moment, les “indignés”, les ouvriers de Grèce, tous les mouvements sociaux dans le monde, parce que ces luttes sont très importantes à notre époque», affirme-t-elle.
Désignée par la guérilla comme une de ses 10 délégués aux discussions, et traquée par la presse internationale, Tanja Nijmeijer s’efforce d’échapper aux journalistes.
«Pour moi, c’est un honneur d’être ici, un honneur de pouvoir apporter ma contribution au processus de paix pour la Colombie. Et à Cuba, je me sens bien, j’ai visité plusieurs endroits, ici les gens vivent bien, Cuba est jolie», explique-t-elle.
Quant aux négociations, elle assure que les FARC savent «lutter avec ou sans fusil». «Nous sommes à La Havane pour lutter sans fusil. Nous voulons lutter pour un processus de paix. Nous voulons que le peuple colombien puisse vivre en paix», affirme-t-elle.
Les négociations, ouvertes lundi à Cuba pour plusieurs mois, constituent la quatrième tentative de négociations de paix lancée depuis les années 1980, la dernière ayant échoué en 2002.
Délégation de la Paix analyse point de débat FARC première: global des politiques de développement agraire
14/01/2013
De nombreux organismes offrent une vaste réforme agraire, démocratique et inclusive (…) afin de protéger la production alimentaire nationale et consacrent le droit à la souveraineté alimentaire comme un devoir de l’Etat.
Délégation de la Paix à La Havane FARC analyse le débat sur le premier point à l’ordre du jour: politique globale de développement agricole
Synthèse des propositions de la société civile sur premier point de l’ordre du jour: programme complet de la politique de développement agricole (approche territoriale).Les FARC-EP, dans le creux des pourparlers, ont pris le temps de lire, de discuter, d’analyser et de résumer les différentes propositions de la société civile qui ont traversé les conseils régionaux et aussi à travers la page Web www.mesadeconversaciones.c om.co . Nous aimerions vous présenter ici un résumé d’entre eux, en tenant compte:
C’est pour la délégation de la paix des FARC-EP, comme il l’a déjà rappelé à plusieurs reprises dans le tableau et aussi à l’extérieur, il est essentiel d’écouter la voix du peuple. Pour nous, les gens sont le principal constituant, qui est, si nous voulons vraiment construire une nouvelle société où il ya le développement politique, économique et social de tous les secteurs du pays, il est absolument logique et nécessaire que tous participent. Nous pensons que pour mettre en œuvre les propositions de la population ne peut pas déterminer ce qui est un devoir de l’État de se produire CODA par l’insurrection. Ni peut être proféré des menaces beaucoup moins de pendre son mouvement social ou des gens qui aspirent ou contribuent efficacement leurs idées dans le processus.
C’est une réalité de la misère et de la pauvreté généralisée dans la campagne colombienne. Il ya beaucoup d’expressions concrètes de cette misère, mentionnés dans la grande majorité des propositions faites par les organisations paysannes et populaires dans la nation: le manque de routes tertiaires, l’absence de marchés pour les produits, les carences dans le système de crédit, la santé, l’éducation, logement. Dans de nombreux domaines il n’y a pas même de l’eau, eh bien, nous sommes tous d’accord que nous devons trouver des moyens de contrer cela. Mais la délégation de la paix des FARC-EP estime que vous ne pouvez pas guérir le cancer avec un chiffon humide chaud, non. Quand quelqu’un est malade, il a d’abord fait un diagnostic et de rechercher les causes qui ont produit la maladie. La campagne colombienne est gravement malade, les symptômes et de les nommer et de les connaître, mais nous devons chercher les causes de la maladie.
Paix délégation que les FARC-EP estime qu’un Etat existe principalement pour protéger les vies et les droits de ses citoyens. Les affirmations du gouvernement colombien et prétend être un représentant démocratiquement élu par ses citoyens. En tant que tel, nous pensons qu’il est de l’obligation non seulement d’écouter, mais aussi mettre en œuvre les propositions qu’ils font. Une telle ampleur des propositions faites par les citoyens d’un pays est un signe que le public demande à participer à la construction du pays, et il pleure. Par ailleurs, l’ensemble des propositions est d’une taille qui pourrait être considéré comme un appel massif à organiser un référendum pour la paix, c’est à dire qu’il est reflet de la volonté de la grande majorité des Colombiens et à ce titre doit être pris en compte
Nous essayons de faire une synthèse, ou plutôt trouver un dénominateur commun dans les suggestions faites par les milliers de citoyens. Il s’agit d’une première tentative, et pas d’opinions, préoccupations ou suggestions sont les bienvenus. Le débat devrait se déchaîner, et à travers elle que nous viennent à des conclusions qui nous permettent de dégager un consensus entre toutes les Nouvelles Colombie.
De nombreux organismes offrent une vaste réforme agraire, démocratique et inclusive. Nous écrivons le compagnon Luis Javier Franco Agudelo, Barbosa, Antioquia : 1. Que le droit à la terre s’élève à une constitutionnel et chaque famille colombienne a droit à un minimum d’un terrain UAF. 2. Colombie ne peuvent posséder plus de 100 hectares de terres. 3. Que chaque entreprise ne peut détenir plus de 10 pour cent des terres par la municipalité colombienne. 4. Les guérilleros, les paramilitaires, hommes d’affaires, les politiciens sont commandés de façon que l’accès à la terre n’est pas spéculative et ne dépassant pas les limites ci-dessus. 5. Pour atteindre l’objectif de la terre est pour tous les Colombiens, et que chaque famille peut posséder une UAF et se compose de la commande du toit, de faire une enquête nationale cadastrale. général, vous voulez une démocratisation du régime terres et des sols à vocation agricole. L’ Organisation des victimes de Nuevo Horizonte, pigeons, au changement rural proposé : La légalisation de la terre où nous vivons et l’attribution des parcelles à certains déplacés vivant avec nous sur le même site . La réforme agraire Community Enterprise tambour Malambo, de l’Atlantique , a proposé donner la terre aux paysans et servi avec des projets productifs qui améliorent véritablement la qualité de vie des agriculteurs . L’ Association des victimes du conflit armé dans le sud de Bolivar, ASVICSUR , a proposé d’être faite par la loi une limite sur le foncier rural ne dépassant pas 300 hectares, titres de propriété foncière existe dans tout le pays et de mener une réforme agraire majeure. veulent éliminer l’accumulation illicite et terres improductives travers la mise en œuvre effective de la confiscation, l’expropriation par voie administrative et l’application de lourdes taxes pour les terres indûment exploité en termes de création d’emplois de production et durabilité de l’environnement.
Le déplacement d’une grande partie de la population rurale est également l’objet de réflexions et de propositions. Il a dit à propos de Moreno José Buenaventura arrêter : réintégrer les paysans déplacés, qui ont été prises à la périphérie de la misère des villes grandes et moyennes, les reloger dans des logements subventionnés de la concentration, une valeur très faible et tranches de remboursement minimales, qui sont dignes de . l’homme et des soins de santé ont une éducation primaire, secondaire technique supérieur, loisirs et culture; avantage qui peut aussi faire appel à des gens en sont encore à leurs humbles demeures et isolées Le MOVICE, Meta , propose: L’ le retour des personnes déplacées et d’autres personnes sur le terrain avec des garanties de permanence et entourée par des considérations politiques, économiques et culturels de planter des aliments et la sécurité alimentaire de leurs familles et des communautés dans le pays.
Il ya une forte représentation des organisations de femmes revendiquent leurs droits et leur participation à toutes les sphères de la vie nationale, de la participation politique et l’accès à la terre. L’ Alliance colombienne Initiative Femmes pour la Paix, de la Carmen de Bolivar et San Onofre , veut : Pour se conformer aux accords nationaux et internationaux sur l’égalité entre les sexes. Promouvoir les possibilités pour les femmes à la propriété foncière en tant que propriétaires . En Colombie, les femmes et les femmes rurales en particulier, ont été historiquement victimes de discrimination, de nombreuses organisations aussi leur demander de leur accorder des titres de propriété, comme beaucoup de femmes sont chefs de famille et sont victimes de discrimination quand il s’agit de l’acquisition de terres pour les travaux . Les femmes rurales servent souvent au-delà de leur maison et élever leurs enfants, le travail sur le terrain et ne sont pas rémunérées. Il faut absolument leur demander de faire valoir leurs droits et un accent particulier est fait sur la question du genre quand on parle du problème de la terre.
Renforcer et élargir les paysans zone de réserve. En ce sens, Germán Gaona Amado, Vistahermosa, Meta , propose: Que le réserve naturelle du parc de La Macarena zone devient une réserve paysanne qui donne des garanties, des droits et des devoirs à l’agriculteur qui possède plus de 50 années de la colonisation Dans et que cette date ne peut même pas user de leur influence sur comme garantie pour un prêt . Un homme anonyme, Eau Dieu, Cundinamarca , dit : zones de réserves paysannes et agricoles sont bien définis et hiérarchisés en assurant la viabilité future en tant que pays . Paysans des zones de réserve doit encourager le domaines essentiels pour le développement agricole écologiquement viable et humainement, et doivent créer beaucoup plus ZRC.
Rationaliser les titres de propriété des terres et territoires autochtones collectives afros communales. Compatriote de l ‘ eau de Dieu, Cundinamarca déclare: C’est les terres et les biens confisqués aux paysans – les Indiens et les Noirs par des générateurs de violence (guérilla – les paramilitaires – trafiquants – parapoliticians – BACRIM – corrompu et autres) seront retournés sans restrictions de classe loin affirmant la possession de bonne foi. redistribution des terres improductives. Une proposition anonyme de Bogotá : exproprier les terres qui ne produisent pas entre les mains des propriétaires fonciers et des agriculteurs livrer à subventionner et à soutenir l’agriculture sur les terres, les infrastructures minières, pétrolières nationaliser (…).
En outre, la plupart acceptent d’être complétés par des programmes de formation titrage des terres et de l’assistance technique pour les prêts production, de gestion, de commercialisation et de subventions. En ce qui concerne crédits écrit Jorge Vargas Vargas, de Firavitoba, Boyacá , qui devrait instaurer un crédit véritable politique planifiée et doux pour les agriculteurs . Le Comité pour la Défense de la Terre et territoire à Cordoue, Monteria, Cordoba , dit: C’est remodèle la politique agricole actuelle et est encadrée dans un des espaces plus inclusifs, où l’action étatique atteint le producteur moyennes et petites entreprises terrain, avec des lignes de prêts à faible intérêt et un accès facile et des politiques claires et des programmes qui facilitent des projets productifs durables dans le temps .
Ils veulent des programmes de développement sont préalablement discutées et convenues avec les indigènes, paysannes et afro-descendants et de contempler dans sa conception, le genre et la diversité écologique, culturelle et régionale. Acuña Ian fait une proposition sur la façon de respecter la Diversité: L’ Etat doit immédiatement escriturarse auto national «vacant» afin que personne ne puisse l’atteindre en manière de s’approprier fait un territoire quelconque. Au moyen d’un général (ou plusieurs) de ces territoires «vacant» ou improductives devrait changer dans le classement selon le niveau de conservation (défini par son écosystème d’origine: savane savane, les forêts dans les forêts, paramo sur la lande, de pardonner ce qui est évident) et ceux qui ont un certain niveau de conservation déclarer inaliénables bien public qui appartient à tous et non négociable . Après consultation avec les communautés dit Arturo González modèle, promoteur du mouvement politique et progressif insulaire Cartagena : Dans ce sens, notre proposition spécifique est d’exercer une forte intervention de l’Etat d’arrêter le festival de licences accordées aux bureaux de contrôle urbaines ou commissaire urbain et même des concessions imprudentes de plage, sans assez de socialiser avec les projets des collectivités telles . L’ indigène Waunana-nonam, le Calima Bajo, Buenaventura, Valle del Cauca , proposer: Pour inclure la politique globale de développement, notre Ward biodiversité proposé construite à partir d’un plan d’utilisation des terres pour compléter l’identité de nos anciennes pratiques de la vie, par rapport à la Pacha Mama et de solidarité avec l’humanité.
Impulsion politique à la restructuration de l’économie rurale afin de renforcer la souveraineté et la sécurité alimentaire en Colombie. L’ organisation EVOCULTURAL Communauté propose un jardin scolaire: que les étudiants, les mères, les pères et les enseignants qui ont besoin de nourriture et le manque de terres, semer ensemble des terres consacrées aux écoles par l’État, apprendre à grandir et à atteindre l’autosuffisance des aliments biologiques , à partager et à ne pas revendre l’utilisation des terres dans la communauté, contribuant ainsi à résoudre la crise environnementale, économique et sociale.
Que la paysannerie est reconnu dans le cadre constitutionnel et comme un objet d’une attention particulière et distincte groupe social et de voter pour l’inclusion politique. Dit Maria Margarita Obdul, Bogota : Ma proposition est de donner aux agriculteurs une réelle opportunité de développer leurs projets productifs, leur proposant de conseil d’une communauté doivent être garantis par l’État et non l’État qui est de ceux qui proposent et je les accepte. Il est plus logique de procéder de cette façon parce qu’ils connaissent leurs besoins et en fonction de ce qu’ils savent et pensent de leur communauté proposée à la recherche des meilleurs avantages de leur communauté.
Conception d’un nouveau code minier qui répond aux besoins du territoire, lequel est dûment signés avec les communautés et le respect du travail de moyennes exploitations minières et les mineurs artisanaux. (Abroger la résolution 0045 de 2012, la revue, discuter et se mettre d’accord avec la politique communautés minières et énergétiques en vigueur exige donc l’. conseil communautaire de la communauté noire de la rivière Naya, Buenaventura : Assurer la protection de notre identité culturelle et biodiversité des terres en garantie de vie de l’humanité, interdisant toutes les sociétés et demande de concession entrepreneurs pour l’élimination ou la privatisation de nos ressources . Cette communauté d’origine africaine est une communauté qui pratiquaient l’agriculture, l’exploitation minière, la pêche, la chasse, l’artisanat dans l’une des zones les plus biodiversité du Pacifique. L’ communauté d’El Crucero KM 9, bassin Bajo Calima , a souffert pendant 40 ans à partir du papier multinationale Smurfit Kappa Carton de Colombia, qui, avec le consentement du gouvernement national rasé la forêt primaire entière, causant des dommages environnementaux et sociaux ils sont dans une totale impunité. proposer que l’Etat et les forces de sécurité d’assurer l’obligation constitutionnelle de protéger la vie, l’honneur et les biens de la communauté, à la réparation de leurs actions en matière de protection des intérêts commerciaux.
Mettre en œuvre le développement des infrastructures (routes, eau et électricité, transport) qui répondent à une politique d’autosuffisance alimentaire pour la Colombie. Que ces programmes ont un contrôle citoyen et sont administrés par les autorités locales (pour cela, former des petits et moyens producteurs). Un compatriote de Bucaramanga, Santander : Je suggère une action sur les routes tertiaires terres improductives au paysan d’assurer la sécurité, la stabilité et la productivité de la terre . Marcela Daniels dit: Le développement des infrastructures routières en Colombie doit tenir compte de la nécessité reliant les principaux centres de production de grands centres de consommation. Il est nécessaire que les produits des agriculteurs de Nariño, Cauca, Huila et l’Orénoque pouvez obtenir dans les grandes villes pour faire face aux importations de produits alimentaires croissants.
En matière de santé, nous proposons l’égalité des chances pour tous les Colombiens d’accéder à un système public de haute qualité. La santé est un droit, et doit être d’une qualité et d’accessibilité. La plupart des propositions sont claires et précises:. Vous devez apporter une modification à la loi 100 Le secteur de la santé doit couvrir 100% de la population colombienne , propose une co- Bogotá. ’s Bureau régional de Montes de Maria paysan propose: Construction postes de santé ruraux – bien doté avec des visites régulières de médecins et d’infirmières. Créer une règle qui accorde de santé subventionnés à 100% du paysan strates 1, 2 et 3, des soins médicaux spécialisés dans les municipalités.
Sur l’éducation: que l’État garantit une éducation pertinente, selon les coutumes des communautés et groupes ethniques, en conformité avec la Convention 169 et la loi 21 de 1991. Il doit être libre et de qualité, doivent avoir une formation technique, la recherche doit être encouragée. Un membre de Bucaramanga, Santander , demande : Qu’est-ce que rural inculte? Les autorités locales comment elles soutiennent l’agriculteur s’il n’est pas de créer des emplois? Quel sens faut-il conduire à un concert de jazz Mompos lorsque la zone des puits Momposina dépression dans la pauvreté absolue, où ils ne peuvent pas gagner leur vie minimum? Sans la santé, pas de routes, pas d’éducation, pas d’emploi … Ajoute José Fernando Salcedo, Sogamoso canton, Boyacá : Pensez à un bon système d’éducation et de santé piliers de la société vraiment racheter le terrain pour atteindre des milliers de villages abandonnés par le état des avantages que possèdent légitimement, renforcer l’éducation dans les villes et les municipalités donner plus de soutien aux régions rurales sena sena la création d’autant d’enfants agriculteurs peuvent accéder à cet avantage . Un homme Jamundí, Valle del Cauca : Il est également important que cette éducation de qualité est disponible dans les zones rurales. Vous devez générer un enseignement public de qualité, professionnel et technique, des mécanismes de financement pour faciliter l’accès à des extraits faible (bourses d’études), il faut renforcer le sport et le développement artistique de l’enfance et de générer les moyens logistiques nécessaires pour le faire . Un collègue de Bogota propose: investissement intégré, l’éducation exponentielle et progressive et la santé à travers la mise en place du monopole de l’Etat de ces services, ainsi que la création de la santé tribunal indépendant et d’enseignement nationaux. Il est fixé par la loi l’obligation pour l’Etat de faire un investissement annuel à l’éducation et à la santé publique, toujours au-dessus du budget de la défense et de l’infrastructure, une croissance de 10% chaque année financière. Autrement dit, le budget de la santé et de l’éducation doit toujours être supérieure à la somme des budgets de la défense et de l’infrastructure . Un compatriote de El Copey, le département de Cesar , vise à: identifier, définir et mettre en place un programme visant à résoudre le problème de l’analphabétisme dans la campagne colombienne.
En ce qui concerne le problème du logement dans le pays, est, dit-on garantir le droit à un logement convenable, à l’électricité et à l’eau, avec des dessins qui sont en harmonie avec le territoire, en tenant compte des traditions du peuple. Dit José Moreno Buenaventura arrêter : Maisons qui pourraient être tirés par les digesteurs de biogaz de traitement des déchets produits végétaux exploités et gérés par la communauté elle-même . Jorge Orozco Suarez propose: un programme pour compenser ceux qui sont «touchées» par la fatale UPAC (politiques économiques imposées par le gouvernement de l’État de Misael Pastrana Borrero) endación d’avoir à payer à la Société Beehive un appartement dans l’impossibilité de répondre aux frais voraces (J’ai le certificat ou la distribution du courrier, le bien que ne pourrait jamais récupérer) Aujourd’hui 12/11/2012 avec 60 ans et demi, sans emploi, sans espoir de récupérer le logement est un problème pour tous les gouvernements oubliés, sauf que les «défenseurs» de la population, ce qui suggère à la table des négociations nous incluons dans le programme libre pour 100.000 foyers à certains égards, nous sommes «déplacés» d’un toit, sans les luminaires «conseillers» des politiques sociales du gouvernement jamais les mentionner. Pour prouver qu’il ya 10 ans, je n’ai pas d’emploi stable et sans-abri de 11 ans. Quelle est cette qualité de vie pour les personnes âgées?
Renforcer l’organisation paysanne dans les coopératives et les associations pour la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles, profitant de l’ALE, mais aussi examiner la CCM: les mécanismes de protection de générer la production locale. L’ Association des Paysans de Salamine, Caldas , écrit: – Il doit veiller à la mise en marché des agriculteurs à travers leurs propres organisations sociales, telles que les coopératives de commercialisation ou partie de chaque organisation.
Rurales programmes d’assistance technique. Ecrire Otoniel Diaz Otero, Zapatoca canton, Santander , à: Développer un processus continu de formation et d’assistance technique dans l’organisation, la production et la commercialisation et le marketing et l’échange d’expériences, il ya donc un intérêt constant et véritable stimulant agriculteurs à participer à la transformation du secteur . La Plate-forme des organisations sociales municipales Bolivar Carmen de : Encourager et promouvoir des processus technologiques étendues, la qualité des terres, les infrastructures, les districts d’irrigation, de crédit, la recherche agricole, les subventions, les garanties de commercialisation opportunités pour tous.
Protéger la production alimentaire nationale et consacrent le droit à la souveraineté alimentaire comme un devoir de l’Etat. Propose un membre de Chaparral, Tolima : (…) la mise en œuvre des projets de recherche, des technologies de pointe et en particulier pour la défense de la souveraineté et de la sécurité alimentaire, tels que les banques de semences indigènes . Il ya beaucoup de propositions qui parlent de la souveraineté de sécurité et de nourriture, par exemple la proposition qui vient de l’ Atlantique: Maîtriser l’achat de terres par des étrangers, qui cherchent à acheter de grandes quantités de terres pour produire des aliments qui crée un problème souveraineté. Le gouvernement de subventionner la production alimentaire. S’il n’ya pas de nourriture, il ya la colère, et la colère s’il n’y a pas de violence. Pour y trouve la paix . Le Bureau régional paysan Montes de Maria, Sincelejo, Sucre , veut créer des partenariats inter-banques de semences indigènes en particulier pour préserver la sécurité et la souveraineté alimentaire .
Que les collectivités locales gardent le contrôle de leurs territoires, de leurs semences et leurs moyens de production, afin de produire de manière autonome et souverain sans compter sur la nourriture nationale et transnationale . production du savoir ancestral et producteurs de semences ont la priorité la consommation intérieure de l’État et bénéficier de la subvention et la falsification bouclier étrange , le type d’association paysanne de Salamine, Caldas .
Un auteur anonyme, de Barranquilla, Atlántico , dit: L’idée de base est de créer des conditions qui obligent ces entreprises à répondre notoire travail social, si vous voulez exploiter nos richesses, nos ressources, notre sous-sol, et pas seulement à gagner pour lui-même, les montants absurdes de l’argent, mais ces gains se reflètent dans les villes environnantes . Le Comité d’action communautaire de Cañaverales dit rejeter catégoriquement la présence de mégaprojets dans nos territoires et de la présence ministérielle faisant consultations préalables, depuis l’arrivée des mégaprojets, va tuer l’agriculture, les ressorts et les effets sur l’environnement .
Les femmes Community Network Maicao, Guajira , propose gratuitement production agro-écologique des semences transgéniques, basée sur la récupération, la gestion et l’échange de la biodiversité, semences indigènes et la souveraineté alimentaire. Aucune des aliments génétiquement modifiés! ce qui concerne les semences, il est proposé d’abroger l’article 4 du Code pénal (loi 1032-1006), IA Résolution 970/10, la loi 1518/12, la Convention internationale UPOV 91 , le décret 4525/05. Nous devons protéger les semences natives et des campagnes sur les effets nocifs de semences génétiquement modifiées.
Plusieurs propositions sont bons, trop grands à afficher dans cet espace, tels que le projet de loi Romo Franco Lucero de la Fédération d’action communautaire de Nariño , appelle la souveraineté alimentaire », l’exploitation minière artisanale, la conservation des bassins versants et BIODIVERSITÉ “.
Comme nous l’avons dit, ce n’est qu’un petit échantillon des milliers de propositions, mais il est un échantillon particulier d’idées reflétées dans la quasi-totalité des paysans, indigènes, afro-colombiennes déplacées, les femmes, etc.
Les membres de la délégation de la paix crois que la plupart des propositions de modification impliquent un regard approfondi sur le problème rural en Colombie, étant entendu que la question se rapporte exclusivement aux graves problèmes de notre paysannerie, mais ce sont des problèmes qui affectent le pays dans son ensemble. Non Inutile de dire, ne peut pas être considéré comme une distribution équitable des terres sans analyser le problème des grands domaines; peut même pas penser à la sécurité alimentaire et la souveraineté si elle n’est pas analysé l’exploitation de nos ressources par des multinationales étrangères et domestiques -vous ne pouvez pas parler de politique de lutte contre les produits de semences transgéniques et s’il n’est pas considéré politiques économiques de l’État colombien. En conclusion: il est pensé pour faire face au problème du développement agricole du point de vue panoramique, et cela se reflète également dans les propositions, comme de nombreuses organisations a proposé une réforme majeure des politiques économiques et sociales du moment. Le gouvernement ne peut pas et ne doit obstinément fermés à ces possibilités, ainsi que les propositions et les demandes de nombreux citoyens qui vivent sur le territoire qu’ils gouvernent. En d’autres termes, il ya une pression avec une citoyenneté de capital-colombienne et si le gouvernement ne va pas prendre en compte les problèmes sociaux existent encore, l’inégalité, la distribution des terres inéquitable, absence de débouchés pour conflits paysannerie et, par conséquent, qu’il existe ou non désarmement de la guérilla.
Cependant, le peuple colombien pouvez être sûr que leurs propositions et contributions au processus de paix à l’étude et à l’analyse par les FARC-EP et seront portés à la table des négociations. Il est légitime et il suffit de demander une participation directe dans le tableau, comme ils l’ont fait plusieurs organisations et les communautés, et les FARC-EP ont fait pression pour que l’espace nous a été donnée compte-gouttes. Il semble que pour l’Etat colombien doit se lever premières armes de se faire entendre.
Sources:
Ateliers régionaux pour aider à mettre fin au conflit:. Propositions de la société civile commissions de paix du Sénat et de la Chambre des représentants s, avec l’appui logistique, technique et méthodologique des Nations Unies. Volumes 1, 2, 3, 4 , 5, 6, 7, 8 et 9
Les propositions présentées à la page www.mesadeconversaciones . com.co , recueillies jusqu’à Décembre 31, 2012 . Délégation de la paix des FARC-EP
Accord de libre-échange UE-Colombie. Grandes entreprises et droits de l’Homme
Communiqué de Marie-Christine Vergiat, Députée européenne Front de gauche, Membre de la sous-commission droits de l’Homme.
Un accord de libre-échange entre l’UE et la Colombie vient d’être soumis au vote des députés européens. (486 votes pour ,147 votes contre, 41 abstentions). Jamais un accord de libre-échange n’avait suscité autant de protestations. En Colombie comme dans l’Union européenne, les ONG de défense des droits de l’Homme, les syndicats (et notamment la Confédération européenne des syndicats[1]), et un certain nombre de partis politiques de gauche se sont massivement mobilisés contre cet accord. Sans compter les centaines de mails envoyés par des citoyens aux députés européens ces dernières semaines, demandant des relations équitables et justes entre l’UE et la Colombie et le rejet de l’accord commercial.
Cet accord aura des conséquences dramatiques en Colombie, notamment car il prône :
la libéralisation du secteur financier, qui équivaut à un dramatique retour en arrière en termes de réglementation contre le blanchiment d’argent (voir l’étude du”Center for Research on Multinational Corporations”[2]).
la libéralisation des produits agricoles, qui va contre une souveraineté alimentaire régionale en mettant en danger notamment le secteur laitier colombien, et le secteur des bananes de l’Union européenne (malgré des clauses de sauvegarde),
l’investissement des grandes entreprises européennes dans un cadre règlementaire qui ne protège pas les ressources naturelles colombiennes, (appropriation par les entreprises des ressources naturelles, notamment de l’eau, accaparement des terres…).
Au delà de l’impact direct désastreux de cet accord sur les populations, la conclusion par l’Union européenne d’un accord de libre-échange de cette ampleur, légitimerait la politique du gouvernement Santos, qui est loin d’avoir rompu avec les pratiques contraires aux droits de l’Homme de ces prédécesseurs. Mentionnons juste à cet égard que la moitié des syndicalistes qui sont tués dans le monde le sont en Colombie.
Les ONG de défense des droits de l’Homme ont multiplié les alertes en ce sens, en exigeant des clauses de défense des droits de l’Homme contraignantes.
En vain. Cet accord est dit “mixte”, ce qui signifie que chaque Etat membre devra ensuite ratifier cet accord. La mobilisation citoyenne doit donc continuer pour demander que les intérêts des citoyens passent avant ceux des multinationales).
“Même si la vie te semble être un conte aujourd’hui, raconte-la”
Interview de Jaime Nevado, chanteur compositeur des FARCPor:Hernando CALVO OSPINA
Le 18 octobre à Oslo, ont été inaugurées les négociations entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC. Quelques heures auparavant, l’organisation révolutionnaire avait rendue publique une vidéo musicale. Celle-ci débutait avec les paroles de son commandant en chef, Timoleon Jimenez, plus connu sous le nom de Timochenko : “Nous venons à la table des négociations sans rancœur ni arrogance.” Puis on a vu plusieurs jeunes sans armes ni tenue de camouflage interpréter un rap. Cette vidéo a fait forte impression. La presse colombienne l’a considéré comme un “manifeste politique”.
Le refrain disait : “Oui, je vais à la Havane / cette fois-ci pour discuter / le bourgeois qui nous persécute n’a pas pu nous mettre en déroute / Oui, je vais à la Havane / cette fois-ci pour discuter / avec celui qui m’accusait de mentir à propos de la paix / (…) Oui, je vais à la Havane / si vous saviez avec quelle émotion / je vais discuter du sort de ma nation. (…)
J’ai rencontré l’homme qui a composé cette chanson. Tout en caressant les cordes de sa guitare, il dit s’appeler Jaime Nevado. Il est très aimable, et ses yeux sont rieurs derrière ses lunettes. La barbiche est grisonnante, tout comme ses moustaches. Lorsque je lui demande son âge, il me répond qu’il est proche du “septième étage”. Tandis qu’il parle, il semble étreindre sa guitare. Ou plutôt, c’est comme s’il cherchait en elle une aide pour parler. Il interrompra l’interview à quatre reprises pour interpréter ses chansons.
* * *
Hernando Calvo Ospina. Comment pouvez-vous créer un rap, cette musique de jeunes, alors que vous êtes proche des soixante-dix ans ?
Jaime Nevado. Je suis un vieux qui rajeunit chaque jour en travaillant avec des jeunes, des paysans en majorité. Je viens de la ville, du monde du théâtre. Alors, ce vieux, qui un jour fut jeune, donne ainsi son apport à la jeunesse pour aider à transformer le pays. Je suis un vieux qui a la chance de pouvoir toucher la jeunesse grâce à la musique. Maintenant, n’oublions pas que le rap est une culture qui vient de la marginalité, des noirs étasuniens, marginaux aussi, qui l’ont rendue populaire. Ce furent ces noirs, exclus par une société hautement raciste, qui sont apparus dans les rues avec leurs sonorités africaines exprimant et refusant cette exclusion.
Pour ma part, j’ai réussi à faire fusionner deux cultures urbaines différentes, bien qu’elles aient des racines africaines : le tango et le rap. Toutes deux nées dans la marginalité. Cette chance, je la dois au fait d’être proche des jeunes.
HCO. Où avez-vous appris cette manière de composer, de chanter, de jouer de la guitare ?
JN. Il y a de nombreuses années, dès le moment où j’ai intégré les FARC, parce que la guérilla est devenue pour moi une école de liberté. Je l’ai apprise à travers les leçons quotidiennes d’un peuple fatigué d’être exploité et humilié. C’est pour cela que quand je chante, je le fais dans un esprit anti-impérialiste, avec le désir d’avoir une nation différente. La musique, la culture, c’est l’espoir.
Dans les FARC, nous consacrons toujours du temps à la création culturelle, car notre but est de créer un monde nouveau, et que la culture y est essentielle. C’est pour ça que toutes les nuits nous faisons une heure culturelle même si nous ne sommes que trois guérilleros. Si la guerre le permet, nous nous réunissons autour du feu et nous parlons de ce qu’a été notre vie quotidienne avec la famille, la copine, les amis. L’un déclame un poème, une autre chante, un autre encore raconte une histoire vécue, ou un groupe représente une pièce de théâtre. Ou bien alors nous dansons sur notre belle musique colombienne si riche en rythmes, originaire de tant de régions. C’est un peu comme une réunion spirituelle.
HCO. Vous faîtes cette “communion spirituelle” parce que vous êtes guérilleros ou par peur de la mort ?
JN. Je dirais que c’est parce que nous sommes des êtres humains. Et nous les humains, devenons plus humains quand nous reconnaissons que beaucoup de choses simples que nous avons vécues, peuvent être de grandes expériences. Et on y arrive seulement lorsque nous partageons des souvenirs, des choses vécues. Je venais tout juste de devenir sympathisant des FARC quand quelqu’un m’a demandé d’écrire un poème. Il le lui fallait tout de suite, maintenant ! Il voulait une chanson en l’honneur de la liberté et de la vie. Et la seule chose que j’ai trouvée à écrire fut : “Même si la vie te semble être un conte aujourd’hui, raconte-la, mon frère, raconte-la autant de fois qu’il le faudra jusqu’à ce que ce conte devienne chant.”
HCO. Cela paraît contradictoire que vous parliez de chanter la vie et la liberté, alors que vous êtes catalogués comme étant des “narcoterroristes”.
JN. Je hais les narcoterroristes. L’image que j’ai d’eux est terrible, car ce sont eux qui torturent, bombardent, assassinent le peuple, les enfants, qui violent les femmes. Les FARC ont commis des erreurs avec la population, mais nous ne sommes pas des terroristes, et encore moins des narcos. Les vrais narcoterroristes sont ceux qui veulent nous faire apparaître comme eux.
HCO. Est-ce qu’actuellement, vous pouvez faire des heures culturelles ? Je dis cela car avec toute la technologie qui a été utilisée pour vous localiser et vous bombarder, il est dangereux d’allumer un feu, par exemple.
JN. Il faut les faire. Les FARC ne peuvent s’arrêter devant les bombes, les tirs et la technologie assassine. Non, au contraire, il faut chanter plus, s’éduquer plus, combattre plus. Et tout cela doit être fait dans la joie. Évidemment, il y a des jours où la guerre ne le permet pas. Mais dès que les bombes ont éclaté et que les tirs ont pris fin, la culture revient.
HCO. Vous faites un travail culturel dans la guérilla, comme beaucoup d’autres. Mais ne pouviez-vous pas le faire dans les villes et les villages, sans fusil à l’épaule ?
JN. Dans les villes on peut chanter, faire du théâtre ou de la poésie, mais toujours dans le cadre établi par le système. Quand on fait des activités pour réveiller les cerveaux, à la recherche d’un monde différent, on te tue. C’est comme ça en Colombie depuis de très nombreuses années. En ville, on ne peut pas faire un travail politique légal tranquillement, car dès que l’establishment se rend compte que quelqu’un pense différemment et que les gens suivent sa façon de penser, on donne sur le champ l’ordre de l’assassiner. Travailler à réveiller la conscience sociale est une chose bien dangereuse. Travailler pour que la télévision, internet et les messages de la radio cessent d’endormir les gens et de les niveler afin qu’ils ne sortent pas du rang, c’est très dangereux.
Mais on n’entre pas dans la guérilla dans le seul but de ne pas se faire tuer. Non, c’est parce qu’ici on peut faire beaucoup de choses qui te permettent d’être engagé dans quelque chose de valorisant pendant ta vie. Car quand on fait un bilan de sa vie, c’est merveilleux de pouvoir se dire : j’ai parcouru la vie, et non, la vie est passée devant moi comme un film. Je crois que la plus grande satisfaction pour un être humain, quand il arrive à la fin de sa vie, c’est d’avoir fait quelque chose pour la vie, pour les autres, et avec eux.
Dans les FARC, chacun apporte son grain de sable pour changer la société, car les FARC sont une école qui forme des êtres humains.
HCO. Mais vous avez des téléphones cellulaires, d’excellents ordinateurs, vous écoutez la radio et regardez la télévision, comme dans n’importe quelle autre société de consommation.
JN. Nous ne sommes pas contre les avancées technologiques, car de plus, nous les utilisons dans notre lutte révolutionnaire quotidienne. Ce avec quoi nous ne sommes pas d’accord, c’est leur utilisation.
Ce que nous voulons dans les FARC, c’est qu’il existe des hommes et des femmes ayant des valeurs humaines différentes. Lorsque nous le pouvons, nous regardons les informations, puis nous analysons leur contenu, nous débattons pour savoir si elles nous apportent quelque chose au point de vue éthique et humain. Ce qu’on voit aujourd’hui à la télévision colombienne, c’est l’apologie de la mafia, du crime. Tout cela incite à la débauche, au luxe, à la consommation, dans un pays qui compte trente millions de personnes vivant dans la pauvreté. C’est à cela que les grands médias rendent un culte, et c’est ce que voient les jeunes.
La culture de masse qui existe en Colombie et dans presque toutes les parties du monde, ne vise qu’à endormir la jeunesse. Nous, nous essayons de la réveiller. La lutte est très dure car elle est inégale, mais nous la menons chaque jour. Ils disposent de milliards de dollars pour faire leur travail de nivellement. Ils mettent en pratique ce qu’on appelle la “guerre de quatrième génération” : un jeune, ils l’annulent, le paramètrent ou le tuent. L’annuler, c’est lui faire regarder ces séries stupides ; le paramétrer, c’est se le mettre dans la poche pour le monter contre son propre peuple ; et quand ni l’un ni l’autre n’est possible, alors ils le tuent. C’est simple. C’est pourquoi ce ne sont plus de grandes armées qui persécutent les jeunes mais une équipe de production de télévision et de cinéma.
HCO. Cela fait cinquante ans que vous êtes dans la montagne, en guerre. Le gouvernement répète que vous n’avez plus de projet politique. C’est aussi ce que disent d’anciens guérilleros et beaucoup de gens à gauche.
JN. La bourgeoisie elle-même a reconnu qu’avec cinq millions de dollars, en 1964, on aurait pu éviter cette guerre longue et cruelle. Avec cet argent, on aurait permis aux familles de 51 paysans, 48 hommes et trois femmes, d’avoir du travail, d’ensemencer, et d’alimenter le pays. Mais non, c’est cette bourgeoisie qui a dit : “le mieux c’est de les tuer”. Conseillés par les gringos, ils ont essayé en envoyant 16 000 soldats, et des bombes. Alors ces paysans les ont affrontés, armés de machettes et de quelques vieux fusils. Après deux mois de résistance, sous les bombes qui éclataient tout à côté, ils ont présenté une proposition politique pour le pays. C’est le programme agraire des FARC et ce jusqu’à aujourd’hui.
C’était le 20 juillet 1964, jour que l’on considère comme celui de la naissance des FARC. Et depuis cette époque nous faisons des propositions politiques pour sortir du conflit armé et social. L’Etat et les monopoles maîtres des moyens de communication répètent que nous n’avons pas de propositions politiques ; que nous adorons vivre dans la forêt et nous faire piquer par les moustiques ; et que toutes les bombes qu’ils nous lancent et les tirs que nous essuyons nous amusent. Mais ce qui est étrange, c’est qu’ils sont toujours en train de nous rechercher pour établir le dialogue.
Et quand ils nous recherchent pour nous faire déposer les armes, nous leur répétons ce qui est nécessaire pour que la paix existe en Colombie. Ils disent alors que ce n’est pas possible, que nous en demandons trop. Car nous disons que pour avoir la paix en Colombie, il faut du pain chaque jour sur toutes les tables des 30 millions de pauvres ; des écoles pour apprendre à lire et à se cultiver ; des hôpitaux pour ne pas mourir d’une simple diarrhée ; de la terre à cultiver pour ne pas importer ce que nous pouvons produire en quantité. Ils disent que ce n’est pas possible, qu’il n’y a pas d’argent. Mais bien évidemment, il y a plus d’argent qu’il n’en faut pour faire parler le plomb et pour assassiner. Ainsi que pour permettre la confiscation des immenses richesses par les transnationales.
HCO. Pourquoi n’avez-vous pas réussi à prendre le pouvoir par les armes ?
JN. Je ne crois pas que ce soient les FARC qui doivent arriver au pouvoir : c’est le peuple. Et si ça n’est pas arrivé, c’est parce qu’ils ont réussi à endormir le peuple, à l’aliéner. Le jour où le peuple se décidera, nous conquerrons le pouvoir. Nous sommes l’armée d’un peuple, et en tant qu’armée de ce peuple, nous sommes là pour le conduire au pouvoir.
HCO. Une autre chanson pour conclure cette conversation ?
JN. Bien sûr ! : Dis la vérité, gringo / que viens-tu faire dans ma patrie ? / Je sais que ton travail c’est de tuer / d’envahir pour piller / et de répandre le malheur avec tes multinationales / Réponds gringo abusif / que cherches-tu sur ma terre ? / Comme ça t’est arrivé au Vietnam / Et en Iran récemment / on te fera sortir la queue entre les jambes / Gringo, ne nous emmerde plus / laisse mon peuple tranquille / nous sommes fatigués de supporter / ne viens pas rechercher ici ce que tu n’as pas perdu / Par le chemin vert qui mène à l’espérance / l’Amérique Latine s’en vient, prête à livrer la bataille /Pour le sentier de la liberté par lequel est passé Bolivar / les peuples avancent en gardant le yanqui dans le collimateur.
Interview réalisée par Hernando Calvo Ospina, La Havane, novembre 2012
http://hcalvospina.free.fr/spip.php?article426Traduction : Hélène Vaucelle
Paix en Colombie ?
Par Ignacio Ramonet, 1er décembre 2012Au cours de 65 ans de guerre, ce n’est pas la première fois que les autorités et la guérilla s’assoient à la table de négociations. Ce conflit a traversé de nombreuses étapes. Après l’assassinat de Gaitan, une véritable guerre civile – la « Violencia » – a démarré. Pour défendre les paysans et les classes moyennes, apparaissent alors des guérillas d’obédience libérale (Gaitan était le chef du Parti libéral) ; la plus importante d’entre elles dans les Llanos Orientaux.
En s’appuyant sur les forces armées, qui comptent en leur sein des conseillers militaires américains, l’oligarchie conservatrice lance une authentique vague de terreur et de répression tous azimuts. Les groupes armés libéraux abandonnent les armes et se réincorporent à la vie politique civile. Ce n’est pas le cas de petites unités armées actives dans les départements de Tolima, Huila et Cundinamarca, qui vont adhérer peu à peu au Parti communiste, et qui, dès 1964, fondent, sous la direction de Manuel Marulanda « Tirofijo », les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
Un an plus tard, en 1965, sous l’influence de la révolution cubaine, est créé l’Armée de libération nationale (ELN), guérilla dans les rangs de laquelle trouve la mort Camilo Torres, curé guérillero devenu, pour les catholiques progressistes, le symbole de l’engagement de l’Eglise (celle de Vatican II) en faveur des pauvres. C’est également dans ses rangs que combattra le prêtre guérillero espagnol Manuel Pérez.
Une autre guérilla fait son apparition en 1965, l’Armée populaire de libération (EPL) ; bras armé du Parti communiste marxiste-léniniste (PC-ML), maoïste, dirigé par Pedro Vasquez Rendon et Pedro Leon Arboleda.
En 1973, apparaît une nouvelle organisation armée, le Mouvement 19 avril (M-19). Expression de la révolte d’une partie des classes moyennes urbaines contre la fraude qui avait privé le général Gustavo Rojas Pinilla de sa victoire à l’élection présidentielle du 19 avril 1970. Ce groupe armé deviendra, au fil du temps, de plus en plus radical politiquement.
Les années 1980 voient l’émergence d’un « troisième acteur » (en plus des forces armées gouvernementales et des guérillas) : les paramilitaires, financés par les grands propriétaires terriens et entraînés par l’armée, dont le but est de terroriser, en commettant des atrocités et des massacres, les bases sociales paysannes des diverses guérillas.
Il nous faut encore ajouter, à cette époque, un « quatrième acteur » : les narcotrafiquants [5] qui possèdent leurs propres bandes armées, achètent la complicité des paramilitaires et paient des « impôts » aux guérillas.
Tel était, en synthèse, le panorama du conflit colombien jusqu’aux années 1990. Avec un élément social complémentaire constitué par les millions de paysans poussés, en raison de la violence dans les campagnes, à l’exode rural. Et qui sont venus d’entasser dans des quartiers de maisons autoconstruites à la périphérie des grandes villes [6]. Notamment autour de la capitale Bogota, dont l’aire métropolitaine compte aujourd’hui quelque 9 millions d’habitants, soit plus de 20% de la population totale du pays…
Qu’est-ce qui a changé au cours des dernières décennies ?
Il y a eu plusieurs tentatives d’en finir avec le conflit. Le président conservateur Belisario Betancourt parvient à établir, en 1984, un accord de « cessez le feu » avec les FARC et le M-19. Il s’engage à faire des réformes et à faciliter le retour à la vie civile des guérilleros. Les FARC y croient et créent alors le mouvement Union Patriotique (UP) qui participe aux élections de 1986 et obtient 6 sièges au Sénat, 23 députés et plus de 300 conseillers municipaux. Mais un tel succès électoral effraie l’oligarchie qui déclenche alors une vague d’attentats et d’assassinats contre les dirigeants de l’UP. En quelques semaines, plus de 3 000 cadres de cette formation politique sont exterminés… Ce qui provoque un profond traumatisme chez les FARC. S’estimant piégées, elles ne croiront plus désormais aux propositions de paix et ripostent en radicalisant la lutte armée. En revanche, le M-19, relativement épargné par les attentats, se réincorpore à la vie politique civile.
En 1998, le président Andrés Pastrana crée la sensation en allant rencontrer, dans la jungle, Manuel Marulanda. Il relance les négociations de paix avec les FARC et, malgré les violentes critiques dont il fait l’objet au sein de son propre camp, démilitarise une vaste zone rurale dans la région du Caguan pour faciliter les contacts avec la guérilla. Il en fait de même avec l’ELN.
Mais les paramilitaires sabotent, une fois encore, ces efforts en multipliant les massacres d’agriculteurs. Les FARC non plus ne jouent pas le jeu et reprennent les combats [7]. Déçu et dépité, le gouvernement signe alors un accord militaire avec les Etats-Unis et met en marche le « Plan Colombie » [8] avec l’intention d’écraser la rébellion. Après l’élection d’Alvaro Uribe, en 2002, à la présidence de la Colombie, ce pari en faveur d’une option exclusivement militaire se renforce. Les offensives des forces armées redoublent d’intensité et d’efficacité grâce aux nouvelles armes sophistiquées fournies par Washington. Plusieurs importants chefs des FARC (Raúl Reyes, Alonso Cano, José Briceño « Mono Jojoy ») sont abattus [9].
Pourquoi le nouveau président Juan Manuel Santos, élu en août 2010 et qui avait été, de 2002 à 2008, un implacable ministre de la Défense contre les guérillas, a-t-il choisi de négocier avec les FARC [10] ?
En premier lieu, les FARC ne sont plus ce qu’elles étaient. Evidemment elles demeurent la plus formidable guérilla d’Amérique latine avec leurs quelque 20 000 combattants qui opèrent sur des dizaines de fronts. C’est également le seul groupe de guérilla latino-américain qui n’a pas été vaincu militairement [11]. Mais la surveillance par satellite et l’usage intensif de drones militaires permettent désormais aux forces armées de contrôler ses communications et ses déplacements. La forêt vierge, jusqu’à présent refuge naturel des FARC, est devenue une jungle de cristal transparent où la survie est de plus en plus aléatoire. Par ailleurs, la décapitation successive des état majors des insurgés (au moyen de la technique israélienne des « assassinats ciblés ») complique énormément la réorganisation de la direction de la guérilla.
D’autre part, une importante partie de l’opinion publique a pris ses distances à l’égard des FARC, accusant celles-ci d’avoir eu recours à de détestables pratiques (enlèvements, exécution de prisonniers, attentats aveugles) [12]. Certes, la guérilla n’est pas vaincue militairement et elle pourrait probablement poursuivre la guerre pendant des années. Mais ce qui est certain c’est qu’elles se trouvent désormais dans l’incapacité de l’emporter. La perspective d’une victoire militaire a disparu. Et cela change tout. Dans ces circonstances, si les conversations de paix aboutissaient à un accord digne, les FARC en sortiraient la tête haute. Elles pourraient dire alors adieu aux armes et reprendre le combat politique sur l’arène civile.
Mais si le président Santos a décidé, à la surprise générale, d’ouvrir des pourparlers de paix avec les insurgés ce n’est pas seulement parce que les FARC se trouvent affaiblies [13]. C’est aussi – et surtout – parce que l’oligarchie latifundiaire qui, depuis 65 ans, s’oppose à une réforme agraire (la Colombie est pratiquement le seul pays d’Amérique latine qui, à cause de l’obstination des grands propriétaires terriens, n’a pas procédé à une redistribution des terres agricoles) n’a plus le pouvoir dominant qu’elle avait. Au cours des dernières décennies, une nouvelle oligarchie urbaine s’est consolidée, bien plus puissante et influente que la vieille oligarchie rurale.
Pendant les années les plus terribles de la guerre, les grandes villes ont été coupées des campagnes en raison de l’insécurité. Il était impossible de circuler par voie terrestre d’une ville à une autre. Les liaisons s’effectuaient par avion. C’est ainsi que la « Colombie utile » était devenue une sorte d’ « archipel de villes ». Ces métropoles, autour desquelles s’agglutinaient des millions de personnes qui fuyaient le conflit, ont développé leur propre économie de plus en plus prépondérante (industries, commerce, services, finances, banques, assurances, import-export, etc.). Aujourd’hui, c’est l’oligarchie urbaine qui domine le pays. Le président Santos en est le représentant. De même que l’ancien président Alvaro Uribe représente les vieux propriétaires terriens opposés au processus de paix.
La fin du conflit intéresse l’oligarchie urbaine pour des raisons en premier lieu économiques. Parce que le prix de la paix – soit, probablement, une (modeste) réforme agraire -, sera à la charge de l’oligarchie rurale. Et pas à la sienne. Ensuite, parce que son intérêt n’est pas dans la possession du sol, mais du sous-sol. Car, dans le contexte international actuel, la paix permettrait enfin aux investisseurs des villes d’exploiter les immenses ressources minières de la Colombie sur lesquelles lorgne l’insatiable Chine.
D’un autre côté, les chefs d’entreprise urbains estiment que, en cas d’accord de paix, une partie des énormes budgets de la Défense pourraient être consacrés à réduire les inégalités, encore abyssales. Et cela non pas par idéalisme social. Mais parce que ces entrepreneurs constatent que la Colombie a près de 50 millions d’habitants. Ce qui constitue une masse critique importante en termes de consommateurs des produits qu’ils fabriquent ou importent, à condition que le pouvoir d’achat de ces consommateurs augmente. Dans ce sens, ces hommes d’affaires ont observé que les politiques de redistribution à l’œuvre dans plusieurs pays d’Amérique latine (Venezuela, Brésil, Bolivie, Equateur, Argentine, etc.) ont réactivé la production nationale et favorisé l’expansion des entreprises locales.
A ces nombreuses raisons, s’ajoute un autre aspect de politique régionale. L’Amérique latine vit actuellement un grand moment d’intégration après la récente création de l’UNASUR (Union des nations du sud) et de la CELAC (Communauté des Etats latino-américains et caribéens) au sein desquelles la Colombie joue un rôle important. Face à cette dynamique, la guerre est un anachronisme, comme l’a dénoncé à plusieurs reprises le président du Venezuela Hugo Chavez. Les FARC le savent. De surcroît, la réalité actuelle de l’Amérique latine prouve que, pour une organisation de gauche, malgré les obstacles, la conquête du pouvoir par la voie pacifique et électorale est possible. Cela a été démontré au Venezuela, Bolivie, Nicaragua, Equateur, Uruguay, Argentine, Brésil, etc.
De nombreux dangers guettent encore. Les adversaires de la paix (faucons du Pentagone, extrémistes des forces armées, propriétaires terriens, paramilitaires) n’hésiteront pas à saboter le processus [14]. Mais tout semble indiquer, alors que les négociations se poursuivent à La Havane, que le dénouement du conflit est proche. L’heure du silence des armes a sonné. Enfin.
NOTES
[1] Avec celui du Cachemire, qui oppose depuis 1947, le Pakistan et l’Inde ; et celui du Proche Orient où s’affrontent, depuis, 1948, Israël et les Palestiniens.
[2] Cf. Luis Emiro Valencia, Gaitán. Antología de su pensamiento social y économico, Desde Abajo, Bogotá, 2012.
[3] Cf. Marco Palacios, Violencia política en Colombia 1958-2010, Fondo de Cultura Económica, Bogotá, 2012.
[4] Les conversations pour la résolution du conflit auraient commencé secrètement à Cuba le 23 février 2012. Cf. « Qué se sabe del proceso de paz », Semana, Bogotá, 3 septembre 2012.
[5] Les cartels colombiens de la cocaïne n’ont plus la puissance qu’ils ont eue à l’époque de Pablo Escobar (années 1980) ; désormais ce sont les cartels mexicains qui dominent le trafic de drogues en Amérique latine.
[6] Cf. Raúl Zibechi, « Cerros del sur de Bogotá. Donde termina el asfalto. », Programa de las Américas, 18 février 2008.http://www.pensamientocritico.org/rauzib0308.html
[7] Fidel Castro, La Paz en Colombia, Cubadebate, La Habana, 2008. http://www.cubadebate.cu/reflexiones-fidel/2008/11/13/la-paz-en-colombia/
[8] Maurice Lemoine, « Plan Colombie, passeport pour la guerre », Le Monde diplomatique, août 2000. http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/plancolombie-intro
[9] Manuel Marulanda, lui, est décédé – en principe, de « mort naturelle » – le 26 mars 2008.
[10] Lire Hernando Calvo Ospina, « Juan Manuel Santos, de halcón a paloma », Le Monde diplomatique en español, mars 2011. http://www.monde-diplomatique.es/
[11] Hormis, bien entendu, la guérilla cubaine dans les années 1950, et le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) au Nicaragua dans les années 1970. Quant au Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), du Salvador, il n’a pas non plus été vaincu mais a été conduit à signer avec le gouvernement, en 1992, les accords de Chapultepec qui supposaient son démantèlement et sa démobilisation.
[12] Depuis 2003, les FARC figurent sur la liste des « organisations terroristes » établie par Washington.
[13] Lire Christophe Ventura, « La nouvelle donne qui explique les pourparlers de paix », Mémoire des luttes, 28 de septiembre de 2012. http://www.medelu.org/Colombie-la-nouvelle-donne-qui
[14] Cf. Carlos Gutierrez, « La Mesa de Oslo. Las complejidades del proceso », Le Monde diplomatique, édition colombienne, octobre 2012.
COLOMBIE : Le long chemin vers la Paix
par Alain Malatrait. le 9 janvier 2013 (www.rebelion.org/ http://www.alainet.org )
Les guerillas.
La violence et la résistance sont des réalités depuis la colonisation de l’Amérique. Une longue succession d’évènements a marqué l’histoire de la Colombie et généré l’émergence de guérillas. Actuellement la guérilla FARC-EP ( Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, Armée du Peuple) et le gouvernement amorcent la démarche vers une paix « durable et stable ». L’autre groupe de guérilla, l’ELN (Armée de Libération Nationale) a exprimé son désir de se joindre aux négociations.
La guerre en Colombie est l’une des plus vieilles du monde. L’origine en est l’assassinat par l’oligarchie, en 1948, d’un leader très populaire qui réclamait justice sociale, réforme agraire, et réforme du système financier.
Les FARC-EP et l’ELN sont nées en réponse aux massacres des groupes de paysans de Marquetalia, les FARC influencées par le communisme, et l’ELN s’inspirant de la stratégie de Che Guevara, avec le prêtre révolutionnaire Camilo Torres (tombé en 1966).
Comment ce processus de marche vers la paix a-t-il commencé ?
Le Président colombien, Juan Manuel Santos, dit que les premières discussions informelles avec les FARC ont débuté dès son arrivée à la présidence, en août 2010. Ce contact se prolongea durant un an et demi jusqu’au 23 février 2012, où un dialogue exploratoire commença à La Havane.Il se termina le 26 août avec la signature d’un Accord Général pour la fin du conflit et la Construction d’une « Paix Stable et Durable », qui établit les principes et procédés des négociations.
Un cessez-le-feu sera-t-il déclaré ?
Juan Manuel Santos a déclaré qu’il est favorable aux dialogues de paix, mais qu’il ne cessera pas de combattre la guérilla durant les négociations. C’est la principale différence avec le processus précédent qui eut lieu dans la localité de San Vicente del Caguán entre 1999 et 2002. La décision de poursuivre les opérations militaires met à l’épreuve la volonté des FARC de mettre fin à la guerilla.
La situation des FARC. Les FARC sont le groupe de guerilla le plus important de Colombie et une des armées irrégulières les plus riches du monde, en grande mesure, – croit-on -, grâce au narcotrafic et à l’exploitation illégale de l’or. Mais selon les chiffres de l’armée colombienne, le groupe n’a plus que 8000 combattants, la moitié de son effectif d’il y a dix ans. Durant ces dix dernières années, les FARC sont passés de l’attitude offensive, en contrôlant un tiers de la Colombie, à des opérations dans les zones rurales éloignées. L’armée colombienne assure que la majeure partie de la guerilla est concentrée dans dix régions spécifiques. Plusieurs commandants des FARC ont été capturés ou sont morts au combat, cependant le groupe rebelle a montré de grandes capacités à s’adapter à de nouvelles circonstances. Un rapport récent de l’International Crisis Group explique que « le gouvernement se rend compte que les moyens militaires, à eux seuls, ne peuvent mettre fin au conflit, et de leur côté les FARC semblent reconnaitre que la lutte armée permet la survie mais rien de plus ».
Comment se déroulent les dialogues ? Les négociations ont débuté à Oslo, Norvège, le 8 octobre et se poursuivront ensuite à Cuba. Les gouvernements de Norvège et de Cuba qui ont appuyé le processus de paix depuis le début, serviront de garants et ceux du Venezuela et du Chili seront des accompagnants. Pas de date limite fixée mais le président Santos a dit que sans résultat clair d’ici juillet 2013, il abandonnera le dialogue. (Il aspire à la réélection présidentielle en mai 2014). Quant aux FARC, ils sont disposés à demeurer à la table du dialogue tout le temps nécessaire.
Pourquoi aller en Norvège ? Le président colombien ainsi que les FARC ont demandé à la Norvège de les accueillir. La Norvège est un pays riche et généreux. C’est l’une des rares nations du monde à dépasser l’objectif des Nations Unies en destinant 0,7 % de son PIB à l’aide extérieure. La Norvège a démontré que les petits pays peuvent jouer un rôle constructif dans la résolution des conflits armés. Depuis 1993, (Israel-Palestine) en passant par le Sri-Lanka, les Philippines, le Mali, Haïti, etc…et le cas emblématique du processus de paix au Guatemala en 1996. L’engagement pacifique de la Norvège lui donne une notoriété, et ce pays est le siège du Prix Nobel de la Paix.
Quels seront les sujets de discussion? L’accord général pour mettre fin au conflit porte sur cinq thèmes: – favoriser le développement rural et l’accès à la terre, – offrir des garanties pour la participation citoyenne et l’opposition, – la fin du conflit : remise des armes et réintégration des FARC dans la vie civile, – combattre le narcotrafic avec plus de détermination, – respecter les droits des victimes. Le premier thème a été abordé dès le 15 novembre à La Havane.
Quels évènements marquants dans le passé ?Le processus de paix de San VIcente del Caguán ( 1999 – 2002) durant la présidence du conservateur Andrès Pastrana. Une condition pour le dialogue fut la création d’une zone démilitarisée grande comme la Suisse, dans la région de Caguán, au sud de la Colombie.
Les FARC furent accusées d’utiliser la zone pour importer des armes, exporter de la drogue et améliorer leur équipement militaire. Les dialogues prirent fin brusquement quand les rebelles séquestrèrent l’avion du sénateur Jorge Géchem, en février 2002. Trois jours plus tard, ils séquestraient aussi la candidate à la présidence Ingrid Betancourt, qui devint le symbole international de la séquestration en Colombie. Le processus de Caguán fut considéré comme un échec total.
Les tentatives actuelles.
Les négociations entre gouvernement et guérilla sont perçues par la majeure partie des Colombiens comme une bonne opportunité pour signer la paix. Le nombre de victimes des affrontements se calcule en centaines de mille. Et à présent » l’Amérique Latine vit un processus d’intégration avec la création de l’UNASUR et de la CELAC où la Colombie joue un rôle important. La guérilla apparait comme un anachronisme et les FARC le savent. De plus, la réalité actuelle de l’Amérique Latine démontre que malgé les obstacles, la conquête du pouvoir par la voie pacifique et politique est possible pour une organisation progressiste. La démonstration en est faite au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua, en Equateur, au Brésil, etc.
BIen des périls demeurent toutefois. Les adversaires de la paix existent et tenteront peut-être de saboter le processus (faucons du Pentagone, ultras des Forces Armées, grands propriétaires terriens, paramilitaires…) Mais tout semble indiquer, tant que se poursuivent les négociations, que le dénouement du conflit s’approche. Enfin. »
Raid aérien de l’armée colombienne sur un camp de la guérilla colombienne.
FARC-EP: Cessez-le-feu de deux mois:
Au moins 13 membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont été tués lors d’un raid aérien de l’armée colombienne sur un camp de la guérilla près de Chigorodo, a annoncé mardi un général de l’armée de l’air colombienne.
Le général Hugo Acosta a indiqué à une télévision colombienne qu’il était possible que l’attaque ait tué jusqu’à une vingtaine de rebelles. Le raid aérien a eu lieu dans le nord-ouest de la Colombie à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec le Panama. Il s’agissait de la seconde attaque d’importance contre les FARC depuis que le groupe rebelle et le gouvernement colombien ont entamé des pourparlers de paix à Cuba en novembre. Au moins 20 rebelles avaient ainsi perdu la vie le 3 décembre lors d’une attaque sur un camp des FARC dans le sud-ouest du pays, près de la frontière équatorienne. Alors que les FARC avait décrété unilatéralement un cessez-le-feu de deux mois qui doit prendre fin le 20 janvier, le gouvernement de Juan Manuel Santos avait insisté sur le fait qu’il continuerait à lutter contre les rebelles jusqu’à ce qu’un accord de paix définitif soit conclu. Les pourparlers de La Havane ont été suspendus en raison des fêtes de fin d’année. Ils sont doivent reprendre le 14 janvier. (OSA)
Fraude agraire historique en Colombie : quel trafic !
7 décembre 2012 Semana.com Illustration : JAVIER DE LA TORRE GALVIS/SEMANA
L’État colombien a distribué durant la dernière décennie 2,5 millions d’hectares de terrains vacants du domaine public. Cependant de ces propriétés qui devaient être destinées aux agriculteurs sans ressources, un tiers a été assigné irrégulièrement ou est resté aux mains de personnes riches, d’entrepreneurs, d’hommes politiques et de professionnels. SEMANA révèle la plus grande fraude agraire dans l’histoire du pays.
La scène ne pouvait être plus révélatrice. Une fonctionnaire de l’Incoder (l’Institut colombien du développement rural) dans le centre du pays a récemment assisté à une démarche de routine avec des agriculteurs à qui l’État avait attribué des terres en friche. La surprise a été très grande quand une dame avec des lunettes de soleil, portant des bijoux et un sac de marque s’est présentée dans une voiture 4×4. Bien que cette « paysanne » n’ait jamais visiblement utilisé une houe, l’État a cru qu’elle était une paysanne sans ressources, qui avait occupé la propriété assignée pendant les cinq dernières années et qu’elle vivait de son exploitation. Autrement dit, elle remplissait les conditions exigées par la loi pour que la Nation lui remette gratuitement une propriété en friche. Ce qui vient d’arriver est suffisant pour remettre en question la façon dont s’applique la politique de l’attribution des terres. Mais si nous tenons compte du fait que ce cas se répète des centaines de fois sur tout le territoire, le fait devient un scandale de grande ampleur.
Dès 2003, SEMANA a enquêté sur les assignations des terrains vacants dans tout le pays et a trouvé que des centaines ont été assignés aux hommes politiques locaux, à des avocats, à des comptables, à des ingénieurs, à des architectes et à des personnes qui vivent et travaillent dans des lieux très éloignés des terres attribuées. Ce sont des profils sociaux qui dans une première approche ne répondraient pas aux conditions requises pour bénéficier de cette attribution.
L’Incoder, pour sa part, est aussi scandalisé. La directrice Miriam Villegas, qui est arrivée dans l’organisme il y a six mois, a commencé les procédures pour révoquer 9 000 décisions relatives au titre des terrains vacants qui comprendraient au moins 800 000 hectares, soit l’équivalent de la région de Caldas (NDLT : équivalent de la Corse en superficie). “Nous constatons des irrégularités tous les jours”, dit-elle. C’est pourquoi le directeur du Conseil Supérieur du notariat et de l’enregistrement, Jorge Enrique Vélez, assure qu’ « il n’y a aucun doute que ce soit la fraude agraire la plus grande du pays »
Les organismes de contrôle sont aussi sur leurs gardes. Il y a un mois le Ministère Public section agraire du département d’Antioquia a révélé il y a peu que 272 des 295 demandes d’attribution de terrains vacants ont été rejetées parce que les demandeurs avaient d’autres propriétés et il était évident qu’ils n’étaient pas des paysans avec peu de ressources. Selon le Ministère de l’Agriculture, les demandes rejetées par le Ministère Public d’Antioquia ces derniers mois concerneraient plus de 100 000 hectares. De l’autre côté du pays, dans le département du Meta, l’Inspection des Finances a identifié une centaine de cas de plus et a commencé un exercice pour évaluer le préjudice multimillionnaire patrimonial de la Nation.
Dans la dernière décennie, le pays a remis 2,445 millions d’hectares vacants à 85 219 personnes. Le tiers de ces assignations a été remis en cause, à en juger par les procédures que mènent plusieurs entités, c’est le résultat d’un mélange de corruption, de faiblesse de l’État, de mauvaises interprétations de la Loi et de nombreuses astuces.
Radiographie d’une fraudeLes irrégularités n’auraient pas eu lieu sans la complicité d’employés des bureaux du registre et de l’Incoder. Une haute fonctionnaire de ce dernier organisme a dit à SEMANA qu’il y a des courtiers qui ont monté des « bureaux parallèles » impliquant d’anciens fonctionnaires qui connaissent par cœur le processus d’attribution des terrains vacants.
De plus, ils profitent de la naïveté des gens. Par exemple, dans la région de l’Urabá, un groupe d’agriculteurs a dénoncé que d’autres personnes ont reçu des terrains vacants qui leurs étaient destinés. Pour cela, le responsable s’est servi d’une feuille qu’ils ont signée en blanc, qui était présentée comme s’ils avaient renoncé à leurs demandes.
D’autres anciens employés auraient gardé ces décisions originales d’attribution et les auraient vendues à la foire au plus offrant. Par titre ils peuvent toucher entre 3 et 5 millions de pesos (NDLT : entre 1000 et 2000 euros), selon l’endroit. L’actuelle administration de l’organisme a déjà pénalement dénoncé de nombreux de ces cas. Dans la même région, le Conseil Supérieur du Notariat a identifié une centaine de fausses décisions qui semblaient être signées par un fonctionnaire déjà décédé. Les investigations ont confirmé que la signature était authentique mais que le défunt les avait faites sur papier blanc.
Les personnes corrompues falsifient également les décisions. Dans la ville de Turbo, 11 décisions ont été trouvées avec des numéros consécutifs de documents officiels de l’organisation, mais après les avoir révisées elles correspondaient à d’autres actes administratifs. Cette méthode connue sous le nom de « jumelage » est fréquente en Urabá et dans les Plaines Orientales et est déjà dans la ligne de mire des autorités.
L’autre mode opératoire pour conserver les terrains vacants est de se présenter en groupe, chacun pour son morceau de terre, puis après l’attribution les rassembler pour en faire une grande propriété au détriment de l’État. Selon la Loi Agraire, le terrain vacant qui est remis correspond à la dite unité agraire familiale (UAF), dont la superficie, qui dépend de la région et du type de sol, doit être suffisante pour qu’une famille d’agriculteurs puisse vivre dignement. Dans les zones très fertiles, les UAF sont de peu d’hectares et dans les autres, comme dans l’Orénoque, elles peuvent être de 1 500 hectares.
Ces cas ont été détectés parce que les demandeurs, qui dans beaucoup de cas agissent comme prête-noms, ont en commun le fait qu’ils proviennent de lieux éloignés des fermes. Il a été examiné que c’était le cas des amis du sénateur de l’époque Habib Merheg, révélé par SEMANA en 2007.
Ensuite, il a été démontré que 31 acquéreurs, en majorité de Risaralda, ont reçu 38 000 hectares de terre dans le département du Vichada. Certains d’entre eux ont raconté à cette revue qu’ils ne connaissaient même pas les Plaines Orientales. Lors de la vérification des plans, les terrains vacants assignés sont voisins d’une propriété d’un ancien membre du Congrès. Une situation similaire est étudiée dans le cas du tsar des émeraudes, Victor Carranza. Aujourd’hui l’une des entreprises d’élevage de sa famille occupe une grande propriété dans le département du Meta, fruit du regroupement de 27 terrains vacants attribués à un nombre égal de personnes, venues d’autres parties du pays, dont nombreuses d’entre elles viennent de l’endroit où sont extraites les gemmes.
Un groupe d’amis de l’ex-sénateur Habib Merheg (à droite), habitants de Risaralda, ont reçu des terres vacantes dans le département du Vichada. Son cas est similaire à celui du tsar des émeraudes Victor Carranza (à gauche) qui occupe des terres vacantes dans le département du Meta. Ses entreprises l’ont acheté à des bénéficiaires des titres originaires du centre du pays où les émeraudes sont exploitées.
Le nom de l’exploitant d’émeraude est lié à une autre affaire très particulière. Près de la propriété mentionnée ci-dessus, il a acheté 999 hectares à une personne qui avait reçu une terre vacante. Bien que cette opération soit légale, l’attention des autorités a été attirée après une procédure d’éclaircissement de délimitation foncière, puisque cette propriété est devenue un domaine de 4.111 hectares. Occuper illégalement les terrains vacants grâce à ces procédures est une autre des méthodes utilisées dans tout le pays.
La confiance entre les tricheurs est telle qu’à Medellín une fonctionnaire qui vérifiait l’information d’un demandeur a raconté qu’à son bureau une femme est arrivée avec une attitude arrogante en disant “je viens pour ma terre”. Ils lui ont demandé si elle avait des biens et elle a dit qu’elle avait un appartement à El Poblado, le quartier le plus privilégié de Medellin, et que son activité était femme au foyer. Pourtant, elle a insisté pour que lui soit assigné des terres. Dans ce département, selon les récentes découvertes, des domaines ont été assignés aux bénéficiaires riches, qui ont converti les terrains vacants en leurs résidences secondaires.
Une faiblesse étatique ou une indolence ?
Le plus grand problème structurel consiste en ce que personne ne sait combien d’hectares appartiennent à la Nation, puisqu’il n’existe aucun inventaire, chose incroyable dans un pays qui a subi un demi-siècle de guerre où la terre a été le butin le plus précieux. Cette méconnaissance explique aussi, dans une bonne mesure, pourquoi il y a tant d’irrégularités. Depuis 2003, année où a été créé l’Incoder, le nombre de fonctionnaires qui faisaient ce travail était insuffisant, puisque l’organisme a dû recourir à des entrepreneurs. Mais dans la plupart des directions territoriales, ils étaient liés par le critère de payer des faveurs politiques aux membres du Congrès ou aux chefs locaux, et dans certains cas, également au profit des intérêts obscurs des groupes armés illégaux qui voulaient légaliser administrativement les terres dépouillées aux paysans.
La croissance disproportionnée du nombre d’entrepreneurs de l’Incoder a été remarquée par l’Inspection Générale des Finances dans un rapport de 2010 qui indique que de 2007 à 2010, le pourcentage d’entrepreneurs a augmenté de 4,3% à 54% du personnel pour certaines de ces années. Malgré le changement de gouvernement, la tendance s’est maintenue. Au Ministère Public, il y a des plaintes contre l’ancien directeur Juan Manuel Ospina, puisqu’en 2011 ce chiffre est passé à 1 306 entrepreneurs, soit près du double des 745 fonctionnaires qui existaient à cette époque. “Les entrepreneurs se sont appropriés ce programme de terrains vacants, les décisions sont prises par eux”, dit un fonctionnaire de l’Incoder.
D’autre part, le peu de communication de l’Incoder avec d’autres organismes publics afin de vérifier les renseignements fournis par les demandeurs, est discutable. Le processus dans la majorité des bureaux régionaux se limite à trancher si des terrains vacants ne leur ont pas été antérieurement assignés. Avec cette faiblesse, non seulement sont autorisées des attributions avec des irrégularités dues à la nature des bénéficiaires, mais aussi dues aux caractéristiques des propriétés. C’est, par exemple, ce qui a permis d’allouer des terres classées réserves naturelles. Il commence aussi à émerger une controverse pour les terrains vacants dans les zones avec un potentiel pétrolier comme ceux de la ville de Puerto Gaitan dans le Meta.
Jhenifer Mojica, sous-directrice de Terres Rurales de l’Incoder, assure que l’un des plus grands problèmes consiste en ce que ceux qui vérifient les conditions requises le font avec beaucoup trop de laxisme. Ainsi, dans de nombreux cas, ils ont permis que les bénéficiaires « démontrent » occuper la terre par des gardiens ou administrateurs du propriétaire, alors même que pour l’Incoder la loi est claire : la domination de la propriété doit être directe et non pas par un tiers.
L’autre des points controversés consiste en ce qu’un article de la Loi 160 de 1994, qui est en vigueur en matière des terrains vacants, exclut toute personne ayant un patrimoine net supérieur à 1 000 salaires minimum, soit 570 millions de pesos (NDLT : 240 000 euros). Certains fonctionnaires ont interprété que toute personne ayant moins de ce patrimoine peut bénéficier de cet avantage. “Ils révisent la norme comme si c’était une liste de contrôle et ils ne réalisent pas qu’ils perdent l’esprit de la loi qui consiste en ce que ces terres soient distribuées aux paysans”, explique le directeur de l’Incoder. Cela conduit à des absurdités comme celle selon laquelle pratiquement tous les colombiens pourraient recevoir des terrains vacants parce que, selon la Direction des Impôts et des Douanes Nationales, sur 1 464 000 personnes qui ont déclaré un revenu en 2011, seulement 162 000 ont un patrimoine supérieur à 570 millions de pesos.
©León Darío Peláez / Semana. L’interprétation d’une partie de la Loi Agraire a fait que beaucoup de fonctionnaires croient que seules les personnes ayant un patrimoine supérieur à 570 millions de pesos colombiens (NDLT : 240 000 euros) ne peuvent recevoir des propriétés vacantes, oubliant l’esprit de la loi de Réforme Agraire qui est de promouvoir le développement des paysans sans ressources.
Aux interprétations de la loi ajustées aux convenances, il faut y ajouter les tricheries, même celles réalisées par les propres fonctionnaires. Dans les procédures, l’Incoder commence à réviser de très près l’attribution des propriétés voisines à plusieurs membres d’une même famille.
Les entrepreneurs en difficulté
L’Incoder a trouvé dans ses révisions que quelques grands propriétaires fonciers sembleraient parier sur la négligence de l’État pour étendre leurs frontières avec les terrains vacants. L’un des cas emblématiques est la ferme Bellacruz, à César, appartenant à la famille de Carlos Arturo Marulanda, ministre du Développement du gouvernement colombien de Virgilio Barco. Ils ont vendu une grande partie de cette propriété en 2007 au groupe agro-industriel La Gloria, l’un des investissements de l’entrepreneur Germán Efromovich. L’Incoder allègue qu’à cette époque-là il apparaissait déjà dans le certificat de propriété vacante que 1.200 hectares appartenaient à la Nation. L’entrepreneur brésilien a hérité de ce procès non résolu, et si la version de l’Incoder était confirmée, en plus d’un procès pour récupération, il en commencerait un autre pour déterminer s’il s’agissait d’un occupant de mauvaise foi, auquel cas, Efromovich perdrait les investissements qu’il a faits dans ces terrains.
Avec un bon environnement pour l’investissement dans le secteur agricole, les problèmes agraires croissent pour les grandes entreprises. C’est le cas de la multinationale brésilienne Monica Semillas et celle de l’italo-espagnole Poligrow, toutes deux situées dans le Meta, qui occupent 18 000 hectares qui étaient autrefois des terrains vacants. Leurs cas sont similaires, parce que la loi interdit à quiconque d’acheter des terres à des acquéreurs de terrains vacants accumulant plus d’une UAF. Cela pour éviter que les terres dont la vocation est de promouvoir le progrès de la paysannerie, finissent concentrées dans les mains des grands capitalistes. Cette règle est logique dans des zones très fertiles propices aux petits agriculteurs, mais on s’est demandé s’il devrait être de même dans les nouvelles zones de développement de l’Orénoque qui nécessitent une puissance financière. Dans le cas des brésiliens, il est également frappant de constater que les propriétés qui ont été achetées, ont été assignées à des entreprises différentes, et même au nom de certains des représentants de la firme, ce qui a éveillé l’inquiétude de savoir si cela n’a pas été une formule pour échapper au contrôle.
Face aux critiques selon lesquelles la révision de ces titres de propriété affecterait l’investissement dans l’agriculture, le directeur de l’Incoder est catégorique : « Le moins que l’on attende de quelqu’un qui investit des millions de dollars dans un projet est de faire une bonne démarche des titres où il va mettre son entreprise. De plus, il y a beaucoup de terres privées où il peut le faire. Cela ne doit pas se faire seulement dans les zones désignées par la réforme agraire. » La polémique est lancée.
Dans d’autres régions, certaines accumulations de terrains vacants sont maculées de sang. C’est ce qui se passe dans une centaine de fermes dans les départements du Sucre et de Cordoba qui ont terminé dans les mains du Fonds d’Eleveurs de ce département. En examinant l’historique de propriété des terrains, les autorités ont constaté que Sor Teresa Gómez, (photo)l’une des personnes les plus proches de Carlos Castaño(photo), hauts dirigeants paramilitaires depuis de nombreuses années, et fugitive de la justice, négociait directement avec plusieurs d’entre eux.
©León Darío Peláez / Semana. Parmi les bénéficiaires des terrains vacantes apparaît le Fondo Ganadero de Córdoba (NDLT : Fonds d’Eleveurs de Córdoba). Plusieurs de ces propriétés vacantes ont été négociées, de plus, avec Sor Teresa Gómez, figure-clef du dépouillement des terres par les paramilitaires en Urabá, fugitive à l’heure actuelle.
Le Conseil Supérieur du Notariat et d’Enregistrement a trouvé le plus de fraudes dans les documents de San Vicente del Caguán, un territoire de présence historique des FARC, où un bon nombre d’attributions ont été faites. Elles vont de ratures en corrections, en passant par des attributions de capacités supérieures du lieu à l’UAF, ou aux personnes avec d’autres propriétés rurales dans la même zone.
SEMANA, aidée par la Mission d’Observation Électorale, a fait une carte avec les informations obtenues sur les attributions des terrains vacants, ce qui permet de voir comment étaient le comportement de ces remises. Dans son résultat, il est très frappant que la moitié des attributions des terrains vacants se concentrent sur 10% des 720 municipalités qui ont assigné des terres depuis 2003.
Remises atypiques de propriétés vacantes. Depuis 2003, les terrains en friche ont été remis dans 720 municipalités colombiennes. La moyenne nationale de la décennie a été de 114 assignations par commune, cependant cette carte révèle comment ont été concentrées les assignations dans certaines régions. Dans plusieurs cas, il n’y a pas d’explication disponible sur ce phénomène. NDLT : 50% des terres vacantes assignées en Colombie sont concentrées dans 9,86% des communes. Taux d’assignation dans la moyenne nationale (gris – 529 communes), 1 à 3 fois (jaune – 124 communes), de 3 à 6 fois (orange – 51 communes) et plus de 6 fois la moyenne nationale (rouge – 16 communes).
Dans certains cas, ces comportements atypiques sont expliqués par des programmes nationaux ou locaux pour formaliser la propriété. Cela arrive, par exemple, à Cartagena de Chaira, qui fait partie des zones dites de consolidation dans lesquelles l’Etat a stratégiquement voulu bloquer l’espace à l’insurrection par une très grande présence. L’une des politiques est que les gens qui pendant des années ont occupé une terre officialisent leur statut et ils ont maintenant obtenu leurs titres.
Dans les autres municipalités, cette forte concentration est due à des initiatives locales ou départementales, plusieurs fois accompagnées par des ressources supplémentaires de la coopération internationale. Mais l’actuelle administration recherche de nombreuses autres raisons à de tels accroissements atypiques, comme dans le golfe du Morrosquillo et dans certains endroits de La Guajira.
La loi prévoit que dans les zones de haut coût foncier la remise des terrains vacants se suspende. Ce fut le cas dans le Vichada en 2007. Mais aujourd’hui personne n’explique comment ces attributions ont été de nouveau autorisées. Le fait est qu’entre 2003 et 2006 seulement 333 domaines avaient été attribuées et puis en 2008, il a commencé a augmenté pour atteindre à ce jour 1 402.
Parmi les 85 000 terrains vacants délivrés depuis 2003, SEMANA a sélectionné un échantillon de 27 000 exploitations agricoles et les a recoupé avec ZoomOnline.info, la base de données du Conseil de la Rédaction, une association de journalistes d’investigation. Il a été constaté que 225 des bénéficiaires étaient des candidats aux dernières élections nationales et territoriales et que 10 de plus appartenaient à des équipes de travail des membres du Congrès. De plus, il a été identifié qu’une centaine d’acquéreurs n’ont pas des professions ou des relations avec l’agriculture. Il est possible que, certains de ces cas, en effet, puissent correspondre à un agriculteur qui aspirait à être un conseiller, ou qui a été un bénéficiaire et qui a ensuite fini ses études supérieures. Mais en général, les cas ont suscité beaucoup d’inquiétude compte tenu de la fraude massive que les mêmes entités responsables reconnaissent.
Au croisement de l’information, SEMANA a identifié qu’une centaine de personnes de plus tenaient des bureaux de vote dans des lieux éloignés des terrains vacants, et en examinant les registres de travail, au moins 30 pour cent des cas confirmerait qu’en effet ils ne vivent pas dans le lieu affecté et ne se consacrent pas à travailler la terre. L’information a également été recoupée avec les dossiers publics de 24 municipalités différentes et des propriétés de plusieurs bénéficiaires sont apparues. Autrement dit, ces personnes qui ont bénéficié des terres de la Nation ne sont pas des agriculteurs sans ressources qui dépendent de la terre pour leur subsistance.
Un retour difficile
Le gouvernement national a l’intention de réviser toutes ces procédures et de récupérer ce qui a été irrégulièrement attribué. Pour cela, l’Incoder a commencé à réviser et a renforcé sa stratégie légale sur ce front. Cependant, le chemin n’est pas facile, et malgré les centaines de procédures, dans la dernière année seulement 21 000 hectares ont réussi à être récupérés. Des procédures si emblématiques comme celui des amis du sénateur Merheg dans le Vichada trouvent des obstacles judiciaires à chaque pas, ce qui fait que les terres ne sont pas rapidement récupérées. Avec les terrains vacants le gouvernement se trouve avec une boîte de Pandore qui ajoute de nouveaux défis sur le sujet de la terre. Ce n’est pas un travail facile car il y a plusieurs fronts : les terres pour les personnes déplacées, celles prises avec l’usage de la violence, celles occupées par le trafic de stupéfiants et maintenant les terrains vacants remis irrégulièrement.
Villegas espère que sa gestion laisse des traces sur cette question, puisque pour elle la récupération des terrains vacants mal assignés peut être un facteur clef dans le dialogue de paix avec la guérilla. Le directeur Jorge Enrique Velez souligne les progrès réalisés en matière de sécurité et les ajustements compris dans le nouveau statut du registre des propriétés, qui cherche avant tout à identifier les terres de la nation.
Dans la prochaine législature la loi de développement rural offre une opportunité de faire des ajustements qui sont nécessaires, car sans doute pour le pays il va être difficile de continuer à vivre un développement agraire avec des réalités du XIXème siècle, mais avec les pressions du XXIème siècle.
Samedi 17 Novembre 2012 Source : Revue hebdomadaire colombienne Semana
http://www.semana.com/nacion/fraude-agrario-historico-tierre…
Traduction : Coralie Mercier pour l’Association EntreTodos-France entretodos (at) hotmail.fr
http://www.facebook.com/EntreTodosFrance URL de cet article 18566
http://www.legrandsoir.info/fraude-agraire-historique-en-colombie-quel-trafic.html
OPENING PATHS TO PEACE
30/11/2012
The Secretariat of the FARC-EP, embracing the immense clamour for peace from different sectors of Colombia, orders all the guerrilla units in the country to stop all kinds of offensive military operations against the public force and acts of sabotage against public or private infrastructure, during the period between 00:00 hours on November 20, 2012, until 00:00 hours on January 20, 2013.
This political decision of the FARC-EP is a solid contribution to strengthening the climate of understanding necessary for the parties to start dialogue, achieving the purpose all Colombians ask for.
It is another example of our desire to create a political environment conducive to the progress of the talks, in order to achieve its commitment to agree a real peace treaty to end the social and armed conflict, as most Colombians want to.
The determination of the FARC-EP, at the start of the peace conversations, finds place in the twilight of a year in which the presidential palace and the Congress have increased the economic war against the people. 2012 has been an unfortunate year for the Colombians who suffer the consequences of these policies, and it would be fair that at Christmas time the regime of Juan Manuel Santos and the ruling classes, announced the cessation of their social war imposed with their reforms and laws of misery and hunger. The fire of capitalist accumulation, concentration and centralization of wealth and income, the dispossession of territory, social marginalization, persecution, repression and bloodshed of the poor, must curb projects of Law and initiatives that benefit multinationals at the expense of the interests of the country.
No more privatization of state property and public services, no more favouring of financial business, no more expansion of tax bases, no more precarious labour and pensions, no more cuts on social investment, cease governmental fire and hostilities!
The people have the right to speak at the talks, to trace Colombia´s destiny.
Secretariat of the General Staff of the FARC-EP
Colombia jungle, November 19th , 2012
Colombie:Interview du Commandant Jesús Santrich, membre de la délégation de paix des FARC-EP
Dimanche, 18 Novembre 2012 13:16
Interview au commandant Jesus Santrich, abpnoticias/Bloque Ivan Rios et Martín Caballero/La Pluma
La Chaîne de radio bolivarienne – Voix de la Résistance a interviewé le commandant Jesús Santrich, membre de l’État- Major Central et de la délégation des FARC-EP aux dialogues pour la paix avec une justice sociale. Nous avons discuté fraternellement avec le camarade des thèmes centraux de l’agenda et des positions des FARC-EP au moment d’entamer les discussions avec le gouvernement colombien.
CRB: Sans aucun doute cet agenda est différent tant dans sa forme que dans son contenu. Comment définiriez-vous cet agenda que l’on a appelé Accord Général pour la fin du conflit… ?
Jesús Santrich: C’est un agenda simple qui a pour objectif d’être synthétique sans développer trop de concepts, beaucoup de points que les FARC ont brandi comme drapeaux, en revendiquant les intérêts les plus vitaux du peuple colombien. Dans son préambule surtout, on retrouve l’esprit commun qui anime les FARC et le peuple dans leur désir de sortir de ce conflit politico-social-armé qui fait couler le sang de la patrie. Nous nous inspirons beaucoup d’outils proposés dans le programme agraire des guérilleros et dans la Plateforme Bolivarienne pour la nouvelle Colombie.
Par ailleurs, nous pourrions chercher beaucoup d’autres pistes d’interprétation, dans ce premier point suivant le préambule on aborde l’aspect agraire et le développement rural qui est un facteur central dans le déclenchement de la confrontation; avec un détail particulièrement remarquable et qui constitue le point de départ pour les FARC, le point de vue territorial du problème.
Pour dire les choses simplement, nous partons de la définition du problème de la terre comme intrinsèque au concept de territoire, impliquant la préoccupation pour la souveraineté dans des domaines comme la réorganisation territoriale, la définition de la souveraineté alimentaire et le sens patriotique. Sans cela, il est impossible de traiter le sujet. Je dirais pour terminer qu’en souscrivant au dit accord, les FARC ont montré leur magnanimité, leur engagement irréductible pour la paix en Colombie.
CRB: Le premier point de l’agenda est le délicat sujet de la terre et du territoire. Comment les FARC-EP aborderont ce thème au cours des dialogues ?
Jesús Santrich: Bien, je l’ai déjà dit d’une certaine manière en ébauchant rapidement les caractéristiques de l’accord, mais nous pourrions indiquer quelques aspects d’ordre général, que le gouvernement maîtrise pleinement et dont il sait qu’ils sont le point de départ des injustices qui font perdurer la confrontation. Par exemple, l’inégalité effrayante qui est au cœur de la propriété de la terre. Il n’est de secret pour personne que du point de vue des FARC, historiquement, nos positions plaident en faveur de la redistribution de la terre dans un pays où la propriété des fonds productifs se concentre entre les mains de quelques latifundistes.
Cette situation d’inégalité est très importante, en effet, 41 % de la terre est concentrée entre les mains d’environ 100.000 personnes; voilà la cause de la misère à la campagne, parce qu’on a arraché leurs terres aux paysans, on les a dépouillés par le biais de la violence institutionnelle et para-institutionnelle. D’autres chiffres donnent 53,5% des terres fertiles entre les mains de 2428 famillles oligarques, pour 2. 200.000 familles paysannes survivant sur le reste des terres.
L’Institut Géographique Agustín Codazzi (IGAC) calcule que les fermes de plus de 500 hectares comprennent 61 % de la superficie prédiale et appartiennent à 0,4% des propriétaires avec une concentration de la terre qui croît de façon vertigineuse.
Selon les chiffres de cet Institut, IGAC et CORPOICA (Corporación Colombianan de Investigación Agropecuaria: Corporation Colombienne de recherche agropécuaire) sur environ 21.5 millions d’hectares de la superficie utile agricole, seuls 4 millions d’hectares environ sont consacrés aux cultures. Les latifundistes dédient bien davantage d’hectares à l’élevage extensif. On peut tabler sur 39 millions d’hectares de pâturages destinés à un cheptel qui ne dépasse pas les 25 millions de têtes, ce qui revient à un peu plus d’un hectare et demi par animal.
Malgré cette concentration effrayante de la terre entre quelques mains (qui place l’indice de Gini qui se réfère à l’inégalité dans la distribution des terres à 0,87) [INSEE : L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d'inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie...). Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite… A l'autre extrême, il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, NdT], plus de 60% du soutien alimentaire du pays dépend des petits propriétaires et métayers, personnes à qui on ne garantit ni crédits, ni commercialisation ni conditions de travail décentes.
Ceci explique le déclin du secteur agraire, nous importons déjà environ 10 millions de tonnes d’aliments..
La structuration latifundiste injuste de la terre en Colombie n’est pas une conséquence de la présence de la guérilla, ce sont les aristocraties au pouvoir qui ont modelé ce schéma qu’elles renforcent maintenant afin de remettre le territoire aux transnationales de l’extraction minière et du business des agro-carburants. Si je dis cela, c’est parce que dans notre conception, le problème ne se pose pas uniquement sur le plan de la lutte pour les droits de propriété. Non, non. La concentration de la terre a pris tellement d’ampleur que maintenant même le titre de propriété est utilisé pour rendre légale la spoliation des paysans, comme le prévoit maintenant la fameuse loi de restitution du président Santos, qui au fond vise une libéralisation ultérieure des marchés pour que les multinationales soient les bénéficiaires de la légalisation.
Nous sommes préoccupés par la façon dont les gouvernements néolibéraux ont implanté leurs projets extractifs, agroindustriels, de plantations pour les nécro-carburants et leurs mégaprojets énergétiques et miniers ou de grands barrages, etc… sur n’importe quelle partie du territoire, en détruisant les sols, en épuisant l’environnement et en causant des dégâts sur les relations socioculturelles des communautés indigènes.
C’est pourquoi, il faut bien étudier ce sujet à fond, on ne peut accepter que l’on continue à attenter contre le sol, le sous-sol et la surface, qui constitue l’ensemble du territoire avec ses relations communautaires et le sens de la souveraineté et de la patrie qui intéresse le peuple colombien plutôt que de permettre qu’un gouvernement quelconque atteigne ses objectifs macro-économiques qui ne font que renforcer les transnationales et les entités financières.
La Loi Générale Agraire et de Développement Rural que le gouvernement a à moitié sortie et à moitié remisée au placard, est avant tout un projet de réorganisation territoriale dont l’objectif n’est ni plus ni moins que de faciliter l’intrusion des transnationales dans une campagne sans paysans.
Ceci a d’énormes implications sur la souveraineté nationale et alimentaire durable et environnementale dont on ne peut faire l’économie. On a même cherché avec ce projet à anéantir les Unités Agraires Familiales et le tissu social des habitants de la campagne en voulant favoriser les transnationales. Terre pour le secteur minier, pour l’exploitation forestière, pour la production d’agro-carburants et non pour résoudre le problème de la souveraineté alimentaire, tout cela dans le cadre de la définition de l’utilisation de la terre. On assure le monopole de la définition de l’usage de la terre pour défendre les intérêts latifundistes, et il s’agit là d’un autre sujet sur lequel il faudrait revenir avec attention.
Ne négligeons pas non plus le cas problématique de ce que l’on appelle le droit à la superficie, que le gouvernement prétend mettre en place précisément parce qu’il place le paysan dans la position de rentier de la terre, qui loue son petit lopin de terre pour une valeur déterminée dans un temps déterminé qui peut aller jusqu’à 30 ans, avec la particularité de pouvoir être transféré ; pas la propriété en tant que telle mais le droit à l’usufruit de la propriété, dans la logique de la bancarisation , seulement comparable aux processus d’assurance des récoltes qui que des compagnies d’assurances transnationales sont en train de mettre en place, contre des variables climatiques : pluies, sècheresses, etc…
Pire encore, quand les paysans commencent à cultiver, ils paient déjà une assurance, c’est à dire que déjà les coûts de production eux-mêmes sont dépendants du système. Au milieu de toute cette complexité et de cette puanteur, le plus grave, c’est la façon dont le paysan est éjecté de son lopin de terre avec des arguties pseudo-légales.
La Chaîne de radio bolivarienne– Voix de la résistance- présente la seconde partie de l’interview du Commandant Jesús Santrich. Nous parlerons maintenant du rôle néfaste joué par les médias en Colombie et de leur utilisation comme moyen d’attiser la guerre et la confrontation.
Les médiasCRB: Les médias en Colombie non seulement jugent, condamnent et occultent la réalité du conflit mais actuellement ils constituent un instrument pour attiser la guerre. Suite à la détention de Roméo Langlois, les FARC ont proposé d’ouvrir un débat national et international sur le rôle des médias et des journalistes dans le conflit colombien. Que répondriez-vous à ces gens qui qualifient les FARC d’insolents parce qu’ils proposent un débat sur la liberté de la presse suite à la détention d’un journaliste ?
Jesús Santrich: Bien, la vidéo tournée par Roméo Langlois lui-même peut aider à ôter des doutes sur les circonstances dans lesquelles il a été capturé et la position des FARC. Cette position entre autres n’est pas conjoncturelle, nous avons toujours parlé de la nécessité de redéfinir le rôle des médias qui prétendent être plus que des juges, mais des bourreaux au service du pouvoir économique. Mais bon; sur Langlois, il apparaît clairement que quand il est capturé, la guérilla ne sait pas qu’il s’agit d’un journaliste. Langlois est sur un champ de bataille et quand la guérilla encercle cette unité militaire, il est capturé. A cause de la situation super complexe du conflit colombien où il y a ingérence étrangère, yankee, israélienne, anglaise…c’est une réalité mais il nous appartient de vérifier de qui il s’agit, c’est une règle de sécurité de base.
Souvenez-vous que dans un passé pas si lointain, nous avons capturé trois mercenaires yanquis de la Dyncorp [société militaire privée US, NdT], une des nombreuses entreprises mercenaires qui agit pour le compte de l’interventionnisme yankee en Colombie. Les choses sont ainsi, le débat sur le rôle de la presse ne tourne pas autour de la situation particulière que vit Langlois mais autour de la forme et du fond avec lesquels les grands médias traitent les affaires de la guerre civile dont souffre notre patrie. Il n’y a pas d’objectivité, ils aident la criminalisation de la protestation sociale, ils provoquent des situations de distorsion sociale de la réalité, de complicité avec le terrorisme d’Etat, etc… Mais ceci s’explique par le fait que la grande presse n’est pas indépendante, parce qu’elle défend des intérêts de ses propriétaires latifundistes, maîtres de la spéculation financière et déprédateurs du territoire.
CRB: Pourriez-vous me citer quelques exemples?
Jesús Santrich: Des exemples? Oui, il y en a beaucoup. Les médias sont la propriété des groupes économiques puissants qui concentrent la richesse et les revenus en Colombie. Il faut le dire, une telle concentration est extrême et scandaleusement de plus en plus importante. Actuellement, notre pays se situe au second rang des pays les plus inégaux du continent. Cette situation de misère pour le plus grand nombre, les médias contribuent à la justifier et à la cacher, je répète, ceci afin de favoriser les secteurs économiques les plus puissants. Concrètement, cinq groupes financiers contrôlent 92% des actifs dans les communications: Le Grupo Empresarial Antioqueño en contrôle 36%; Santodomingo et Sarmiento Angulo en contrôlent 28%, et ceci pouvant varier d’un mois à l’autre comme varient d’un mois à l’autre leurs profits dans une mesure exorbitante.
Quelques spécialistes affirment que quatre groupes économiques contrôlent la propriété et les contenus de 80% des médias; et ces quatre groupes font partie des cinquante groupes économiques qui contrôlent en Colombie pas moins des 60% de l’industrie, des services, du commerce, du transport et de l’agriculture, c’est-à-dire l’économie.
Le Groupe espagnol Prisa est propriétaire de Caracol Radio, et en même temps, patron d’ El Pais en Espagne.
Le groupe Santo Domingo est propriétaire de Caracol TV, et de sept autres radios, les radios FM BLU qui sont dirigées par Néstor Morales pour les informations.
Le groupe Ardilla Lulle est propriétaire de RCN et s’apprêtait à finaliser un accord pour une affaire à risque partagé avec Radio Super qui appartient aux conservateurs Pava Camelo, avec l’objectif d’élargir l’audience du programme La Hora de la verdad. Francisco Santos qui en était le directeur, est parti rapidement à cause de sa médiocrité, c’est l’un des nouveaux llaneros [équivalent vénézuélo-colombien des cow-boys, NdE], accapareurs de terres dans les Plaines orientales et chef sans scrupule du bloc paramilitaire Capital. Sur la chaîne d’infos, on trouve Rodrigo Parda qui est de l’engeance néolibérale de César Gaviria.
Le groupe Galvis possède Vanguardia Liberal à Bucaramanga, ce qui revient à dire que les propriétaires sont des secteurs d’El Tiempo, leurs propriétaires sont dans le groupe AVAL, Sarmiento Angulo qui s’étale comme une pieuvre sur la télévision numérique et sur le monde des communications virtuelles. En fait, ce sont les propriétaires de CITYTV d’obédience contre-insurrectionnelle, néolibérale, pro-impérialiste..
El Colombiano est genre vieux jeu conservateur, El Mundo est proche d’Uribe, concrètement de la famille Correa, c’est à dire de la vieille caste aristocratique et paramilitaire d’Alvaro Uribe Vélez.
En Colombie, un autre monstre de la finance, néolibéral bien présent déjà c’est le Claro de Carlos Slim [Mexicain, l'homme le plus riche du monde selon Forbes, NdE], propriétaire de Telmex, qui possède pas mal de choses dans le secteur de la télé câblée. Il a déjà plusieurs canaux et son expansion est évidente, il établit peu à peu un monopole sur le service internet comme cela se passe au Mexique. Ce processus de monopolisation devrait s’achever prochainement.
Je ne vois pas comment une télévision de Carlos Slim, l’homme le plus riche du monde, et ce titre déjà montre à quel genre d’exploiteur et de pilleur on a affaire, pourrait produire une communication favorable à des majorités de gens exploitées dans ce pays. La fortune de ce monsieur atteint les 74 milliards de dollars, d’après les chiffres du mois de juillet, mais imaginez à combien elle s’élèvera si deux mois plus tôt elle était de 70,88 milliards. En deux mois, elle a augmenté de 4.51%, ce n’est pas en défendant de pauvres bougres.
Dans le cas de Luis Carlos Sarmiento Angulo, classé au 39ème rang mondial des hommes les plus riches du monde; je crois qu’il était au 67ème rang et a grimpé de 28 places en un an. Sa prise de poids économique lui vient surtout de la spéculation financière.
La fortune qu’on lui impute comme banquier, comme spéculateur financier, comme profiteur de l’économie réelle est de 10,5 milliard de $ US. Et je pèse mes mots en disant profiteur. D’après Forbes il serait au 75ème rang des personnes les plus puissantes du monde, mais parmi les milliardaires de Forbes qui tirent leurs revenus du secteur financier, ce Colombien est le numéro 3 planétaire.
La spéculation financière de Sarmiento Angulo a accompli un véritable ‘petit miracle’ en le propulsant dans le groupe des possesseurs des 100 plus grosses fortunes de la planète. Il a la 8ème en Amérique latine. Ce sont tous ces personnages qui ont ramené l’économie au secteur primaire et l’ont financiarisée au détriment du secteur productif. Par ailleurs son ascension comme rentier ne cesse pas, on dit en effet que l’achat de Credomatic par le groupe AVAL a permis à Sarmiento Angulo de doubler quasiment sa fortune en un an.
On estimait cette fortune à 5,6 milliards de $US, mais nous avons déjà dit qu’en un an le chiffre avait atteint 10,5 milliards de dollars, ce qui veut dire, qu’il y a peu, il a dépassé Julio Mario Santo Domingo, qui se trouve au 108ème rang sur la liste de Forbes avec une fortune de 8,4 milliards de $US. Ceci ne veut pas dire que ce dernier a stagné pour autant, en fait il a grimpé de 15 places et sa fortune se situe à peu près au 11ème rang en Amérique latine.
Tous ces éléments sont en rapport avec le nouveau redécoupage de la présence capitaliste qui vise à dévaster le territoire avec l’agriculture de rente et le pillage minier et énergétique. Tout cela dans le plus grand silence, maquillé ou justifié par la grande presse. Tenez, le cas de Eike Fuhrken Batista, dont le patrimoine s’élevait à 27 milliards en 2010, est passé aujourd’hui à 31 milliards. C’est le deuxième« Latino-américain » le plus riche d’une liste de 1200 personnes établie par Forbes ; son ascension lui vient du pillage minier du continent et quand je dis continent, j’inclus l’extraction d’or en Colombie..
Vous lisez et vous écoutez dans quelques médias que les entreprises brésiliennes et canadiennes “ volent la vedette’ dans le secteur de l’investissement minier. C’est stupide et criminel, car ici ce que l’on vole, c’est le pays, et les grands médias en parlent comme si c’était là quelque chose de très positif ; il est certain que ces médias font leur propagande. Prenez- le cas de W FM, dont le propriétaire est l’entreprise Pacific-Rubiales Energy Corp. qui malheureusement suce le sang des travailleurs des sous-traitants pétroliers à Puerto Gaitan.
Appelons un chat un chat : ce sont tous des voleurs et ils sont responsables de la misère nationale. Le peuple colombien s’appauvrit, notre environnement est détruit, nos richesses partent en fumée pendant que les comptes bancaires d’Eike Batista enflent. Vous entendrez parler de la prospérité de la Vale Do Rio Doce [grosse multinationale d'origine brésilienne, NdE],dont l’usine d’aluminium requiert 4 milliards de dollars d’investissements, mais on n’est jamais informé de ce que cela rapporte, comme à Cerromatoso, où le pillage a été faramineux.
On entend parler de la prospérité d’Odebrecht, qui est brésilienne, ou de Medoro Resources, compagnie minière canadienne qui concentre son activité actuelle à Marmato (Caldas) et en Antioqua avec l’achat de Frontino Gold Mines. Certes oui, pour eux, la prospérité existe bel et bien, mais au prix du déplacement des populations de Marmato.
Prospérité encore pour Scotiabank et toute une flopée d’autres entreprises transnationales mais pas pour les majorités appauvries de Colombie qui sont les gens dont nous nous préoccupons, nous, malgré les grands médias qui livrent leur guerre contre-insurrectionnelle pour favoriser le néolibéralisme et le pillage de la nation.
Notre vision s’attache aux causes. Si l’on ne résout pas les causes, on ne résout pas le conflit; les choses sont ainsi, il n’y a pas de place dans l’agenda pour les divagations ou les trucages. Il faut impérativement résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques qui ont provoqué la confrontation pour que l’on aboutisse à la paix.
CRB: Le gouvernement a dit qu’il s’agit d’un accord pour mettre fin au conflit, en définissant la « fin du conflit » comme l’arrêt définitif des actions militaires. Cette conception coïncide-t-elle avec celle des FARC-EP ou est-elle en contradiction ?
Jesús Santrich: Il y a un ordre dans l’agenda et le premier point est celui de la terre. Cela dit, nous verrons si cela conduit à la cessation du conflit. Nous les colombiens, nous devons tous sortir de là, satisfaits des accords que nous aurons établis.
Notre vision s’attache aux causes. Si l’on ne résout pas les causes, on ne résout pas le conflit; les choses sont ainsi, il n’y a pas de place dans l’agenda pour les divagations ou les trucages. Il faut impérativement résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques qui ont provoqué la confrontation pour que l’on aboutisse à la paix.
Pendant ce temps- là, on pourrait s’accorder sur une trêve, un arrêt des hostilités ou une régularisation de la guerre, etc. Cela doit être défini en se basant sur l’analyse, le débat et la participation populaire.
Il y a un agenda simple des dialogues, sur lequel nous concentrons tous nos efforts afin d’en traiter les contenus. Il s’agit d’un agenda compréhensible par tous, qui place la ville de la Havane comme siège des dialogues. La mise en route aura lieu à Oslo et comme le dit l’agenda, les réunions pourront se tenir ensuite n’importe où ailleurs.
D’autre part, l’introduction de cet agenda rappelle quelques principes inaliénables qui traduisent l’esprit qui anime les signataires et aborde ensuite un premier point sur le problème agraire et le développement rural avec d’autres sous-thèmes importants tous en rapport avec une notion fondamentale pour nous qu’est le problème de la terre lié au concept de territoire, basé essentiellement sur la souveraineté de la patrie.
C’est dans cette configuration très élémentaire, mais essentielle en même temps, que nous nous rendons à une table qui ne peut se transformer en banc des accusés comme le prétendent quelques médias qui grouillent de bourreaux et de mercenaires de la contre-insurrection médiatique, où les FARC sont accusése de tout et n’importe quoi. Non. La table n’est pas envisagée comme un théâtre de reddition ; il s’agit d’une table de dialogues où nous analyserons les voies, les chemins permettant de résoudre les problèmes politiques, sociaux, économiques qui sont sans aucun doute la cause de la confrontation.
En rapport avec cela, nous devrons certainement analyser la nécessité de faire un pas vers la démilitarisation et la démocratisation aussi bien de l’État que de la société, le tout combiné à de profondes transformations socio-économiques qui doivent s’enclencher pour que cesse le néolibéralisme et l’abandon honteux de notre territoire aux transnationales qui sont en train de le piller.
Plus de la moitié du territoire national a déjà été condamnée à être détruit par l’économie d’enclave au détriment du bien-être des communautés comme Marmato, la Colosa, le fleuve Ranchería, Santurbán, etc…etc…etc… le gouvernement doit mettre fin à autant d’impudence.
Il est regrettable qu’au moment où l’on parle de paix, on continue de céder le pays aux consortiums financiers, ceci est un acte de guerre. Concrètement, on pourrait dire qu’il y a des éléments propices à la recrudescence de la guerre chaque fois qu’il y a des annonces de tentative de paix. Vous pouvez voir non seulement des francs-tireurs fous furieux, genre Uribe Vélez, mais aussi des éléments haut placés du gouvernement comme le Ministre de la Défense, un dandy qui ressemble à un prétentieux gominé en train de balancer des arguments comme si le processus était une table de reddition et non une table permettant de trouver des solutions aux problèmes sociaux dont souffre la Colombie. Sans parler de cette horde de journalistes à la solde des propriétaires des médias.
CRB : Depuis ses débuts au gouvernement, Santos a dit qu’il veut rester dans l’histoire comme le président de la paix. Comment faut-il comprendre cette affirmation? Qu’est-ce qui a poussé réellement Santos à s’asseoir à une table de négociations avec comme interlocuteurs ceux qu’il a qualifiés avec mépris de bandits et de narcoterroristes au cours des dix dernières années ? N’est-ce pas là peut-être une reconnaissance du caractère politique et belligérant, refusé il y a à peine quelques jours ?
Jesús Santrich: La paix ne sera possible seulement qu’avec le concours de tout le pays. Elle ne peut émerger seulement d’un accord entre deux parties adversaires: gouvernement et guérilla, mais on ne l’obtiendra que lorsqu’on entendra tout le pays, le peuple lui-même qui tracera la route de la réconciliation colombienne.
C’est un désir louable de la part de Santos, mais la paix ne se fait pas avec une seule personne, ce n’est pas possible.
Président de la paix, président de la paix…; c’est bien, très bien. En apparence, c’est un désir louable; ce qui est certain c’est que jusqu’ici il est l’ancien ministre de la Défense qui au cours de son ministère, avec l’approbation d’Uribe Vélez, a mis en œuvre cette chose abominable qu’on appelle les faux positifs. C’est une réalité factuelle que Santos devra dépasser avec beaucoup trop d’effort et beaucoup de compréhension de la part du peuple colombien qui a subi ces crimes.
Mais bon. J’ai envie de dire que l’idéal, c’est que lui, il souhaite que toutes les générations à venir se souviennent de ceux qui aujourd’hui mènent une guerre fratricide imposée par la mesquinerie des oligarchies, comme les générations qui ont eu la grandeur d’instaurer la justice sociale qui a ouvert la voie à ‘la paix stable et durable’.
Il y a certes d’autres problèmes que devra dépasser Santos, celui de sa classe, et là, il ne s’agit pas seulement d’une question de volonté ; ils devront tout faire pour ne plus tomber dans l’erreur de croire que ‘la victoire est la paix’, en assumant l’illusion militariste parfaitement entretenue par ce vilain petit ministre de la Défense, qui consiste à faire croire que la solution du problème n’est pas dans la résolution des problèmes sociaux dont souffre la Colombie mais dans l’intensification de la guerre qu’il ne connaît que depuis son bureau.
Quant aux raisons qui ont conduit Santos à nous reconnaître comme interlocuteurs, je ne me risquerais pas à émettre des certitudes parce que je n’en vois qu’une parmi d’autres qui puisse exister et c’est une raison de convenance à laquelle historiquement les gouvernants ont recours : quand ils ont besoin de parler, ils nous reconnaissent la condition de politiques et sinon, non, ils oublient leur considération antérieure. En cela, ils n’ont pas de véritables principes.
En tout cas, ils comptent sur l’avantage, indépendamment de leur fluctuation ‘pragmatique’, pour ne pas dire accommodante, ou si l’on veut arrangeante, que la condition de belligérants est inhérente à l’insurrection colombienne au-delà de ce que le gouvernement en place reconnaît.
Mais, je crois également qu’après avoir mis fin à la table du Caguán et pris le risque d’une guerre intense avec la main de l’empire yankee sans réussir à nous arrêter, ils ont sûrement fait une évaluation à long terme qui les amène à reprendre des chemins plus sensés pour la recherche de solutions. Rappelons-nous que Santos a dit au moment où il a annoncé le processus qu’il poursuivait une initiative déjà entamée par Uribe Vélez.
Bien, par la suite, il a engagé la première phase avec son gouvernement pour que nous explorions conjointement la possibilité de solutions négociées. Nous en sommes là. D’une manière ou d’une autre, il faudra bien qu’on reconnaisse qu’il n’a pas été possible de vaincre la résistance populaire par la force, par les fosses communes, les bombardements, etc… et avoir admis que pour les FARC la porte du dialogue a toujours été ouverte parce que nous avons vocation pour la paix sans que cela n’implique que nous nous arrêtions de faire des plans de libération; nous continuons la lutte, la bataille contre les transnationales et le régime de terreur. C’est pour cette raison précisément que j’affirme que personne ne peut considérer cette table comme une valse des hésitations.
Nous, nous constituons un rempart contre le pillage. De plus, on pourrait affirmer avec certitude que l’État colombien n’est plus en état de supporter les dépenses militaires et qu’elles rendent chaque jour davantage plus difficile l’existence des colombiens, dans la mesure où ce gaspillage empêche l’investissement social. Le budget de la guerre, indépendamment du fait qu’on l’appelle dépenses pour la défense ou dépense pour la sécurité, absorbe plus de 6.4% du Produit Intérieur Brut.
En termes financiers, la Colombie consacre pas moins de 27 milliards de pesos à l’année et la finance, son offensive fratricide, également avec les aides que les USA donnent pour garantir les intérêts des transnationales qui exploitent nos ressources. Cela coûte énormément d’argent, et ce que le gouvernement a mis place comme impôts provisionnels pour soutenir la guerre, se sont transformés peu à peu en impôts permanents qui provoquent un grand mécontentement chez ceux qui contribuent. Nous avons entendu à maintes reprises le ministère de la Défense dire que les dépenses militaires seront maintenues avec ou sans démobilisation, ce qui prouve qu’ils s’obstinent à continuer de brader nos ressources, ce qui implique de sécuriser les profits du grand capital.
Article original: Colombia: Entrevista integral con el Comandante Jesús Santrich, integrante de la delegación de Paz de las FARC-EP , ABPNoticias, le 6 novembre 2012
Traduit par Pascale Cognet pour La Pluma et Tlaxcala
Négociations entre la guérilla et le pouvoir
Pourquoi la Colombie peut croire à la paix
Historique : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et le gouvernement de M. Juan Manuel Santos ont annoncé l’ouverture, à partir du 15 octobre [initialement prévues le 8] à Oslo, de négociations de paix, à la suite d’un dialogue amorcé en secret. Pour la première fois depuis des années, nombre d’éléments semblent réunis pour qu’elles puissent aboutir. Notamment au sommet de l’Etat.
par Gregory Wilpert, octobre 2012
Après cinquante ans d’une guerre civile féroce et un nombre incalculable de négociations infructueuses, le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sont convenus de redonner une chance à la paix. Le 27 août, le président Juan Manuel Santos annonçait son intention de renouer le dialogue avec la guérilla et de confier la médiation des pourparlers aux gouvernements du Venezuela, du Chili, de la Norvège et de Cuba. Rompant avec la politique d’escalade militaire suivie depuis dix ans, d’abord sous la présidence de M. Alvaro Uribe, puis sous celle de M. Santos — qui fut son ministre de la défense —, ce revirement soudain ne laisse pas de surprendre.
Deux facteurs au moins y ont concouru. En premier lieu, les deux belligérants ont pris conscience que ni l’un ni l’autre n’était en mesure de gagner cette guerre. Même si les rebelles ont essuyé de lourds revers durant la décennie Uribe (2002-2010), ils ont reconstitué l’essentiel de leurs forces depuis 2008. La perte de plusieurs de leurs dirigeants, éliminés dans des embuscades, n’a pas empêché les FARC d’engager une contre-offensive qui, depuis quatre ans, conjugue mines antipersonnel, tireurs d’élite et attaques à la bombe. Selon un récent rapport du Congrès colombien, la guérilla disposait en 2011 d’une « présence significative » dans un tiers des municipalités du pays (1). Face à cette situation, les militaires ont multiplié les raids de commandos et les tentatives d’infiltration. Ces nouveaux choix tactiques ont certes rendu les combats moins visibles qu’ils ne l’étaient il y a dix ans, mais ils n’ont pas atténué les sacrifices infligés à la population. S’il y a bien un point sur lequel les deux camps s’accordent, sans le crier sur les toits, c’est que nul ne prendra le dessus sur l’autre.
Mais le signal de détente donné par Bogotá s’explique avant tout par le profil du président Santos, qui n’appartient pas tout à fait à la même élite que son prédécesseur, éminent représentant de l’oligarchie provinciale. Après la mort de son père, un éleveur de bétail exécuté par les FARC au cours d’une tentative d’enlèvement en 1983, M. Uribe a vendu les terrains familiaux pour financer sa carrière politique, sans jamais couper les liens qui le rattachaient à l’aristocratie rurale. Défenseur acharné des intérêts des grands propriétaires terriens, il entretient par ailleurs d’étroites relations avec certains barons de la drogue. En 1991, l’Agence du renseignement pour la défense américaine (Defense Intelligence Agency, DIA) classait le futur homme fort du pays parmi les collaborateurs du cartel de Medellín — ville où il est né et dont il fut brièvement maire —, le décrivant comme un « proche ami de Pablo Escobar (2) ». Sa nomination comme directeur de l’aviation civile au début des années 1980 coïncida avec une hausse exponentielle du nombre d’avions autorisés à décoller et la création de nouvelles pistes d’atterrissage. Une ancienne maîtresse d’Escobar, Mme Virginia Vallejo, confiait à ce propos en 2007 : « Pablo avait coutume de dire que, sans notre petit garçon béni des dieux [M. Uribe], nous aurions dû aller à Miami à la nage pour fourguer notre came aux gringos (3). »
Rupture au sein de l’éliteBien qu’il ait toujours rejeté ces accusations, le président Uribe entretenait en outre de bonnes relations avec des groupes paramilitaires. Est-ce vraiment un hasard si son ancien chef de campagne et ex-directeur des services secrets, M. Jorge Noguera, a été condamné à vingt-cinq ans de prison en 2011 pour avoir aidé les Autodéfenses unies de Colombie (AUC), la principale organisation paramilitaire d’extrême droite du pays, à infiltrer l’administration qu’il dirigeait ?
M. Uribe n’a jamais fait mystère de sa philosophie politique. S’il admettait que les inégalités sociales, vertigineuses dans son pays, n’étaient pas étrangères à la guerre civile, il considérait qu’il fallait d’abord en finir avec celle-ci avant d’envisager éventuellement de s’attaquer à celles-là. « Sans la paix, il n’y a pas d’investissements. Et sans investissements, il n’y a pas de ressources fiscales qui permettent au gouvernement d’investir pour le bien-être du peuple », expliquait le président en 2004 (4). Une manière éloquente d’affirmer son manque d’intérêt pour une politique redistributive — qui, en Colombie, passe nécessairement par une réforme agraire — en même temps que sa loyauté au néo-libéralisme.
C’est cette obsession du recours à la force qui a porté M. Uribe au pouvoir, à la faveur d’une rupture au sein de l’élite colombienne. Opposé à l’investiture de M. Horacio Serpa, homme du sérail favorable à des négociations de paix avec les FARC, l’ancien fermier de Medellín claque la porte du Parti libéral et présente sa propre candidature à l’élection présidentielle de 2002, qu’il remporte sous l’étiquette d’« indépendant ». Puis, en vue de sa réélection en 2006, il crée sa propre formation, le Parti social d’unité nationale (« le parti de la U »), mettant fin au système bipartite qui régissait le pays depuis un siècle. Le renouvellement à la tête de l’Etat se manifeste par la formation d’un gouvernement de « nouveaux venus », largement issus du secteur privé.
Comme préalable à toute négociation avec les rebelles, M. Uribe exige qu’ils déposent d’abord les armes — une condition évidemment inacceptable pour les deux mouvements de guérilla présents dans le pays, les FARC et l’Armée de libération nationale (ELN), compte tenu des exactions perpétrées par les militaires colombiens et leurs supplétifs paramilitaires d’extrême droite (5). Au cours des vingt années qui ont précédé la présidence de M. Uribe, la guerre civile a donné lieu à trois tentatives de négociations de paix — entre 1982 et 1985, 1990 et 1992, 1999 et 2002. Toutes ont échoué. Dans le dernier cas, la responsabilité de l’échec revient surtout aux Etats-Unis — dont le plan Colombie supposé financer la lutte contre les trafiquants de drogue servait surtout, en réalité, de machine de guerre contre les guérillas — et aux élites colombiennes, qui montraient peu d’empressement à voir les discussions aboutir.
De ces élites, M. Santos forme pour-tant l’échantillon le plus représentatif. Son grand-oncle, Eduardo, a été président de la République entre 1938 et 1942, tandis que son cousin, Francisco, a occupé le fauteuil de vice-président quand M. Uribe était au pouvoir. Les Santos engrangent les dividendes d’un pouvoir bâti tout au long du siècle dernier : El Tiempo, le seul quotidien diffusé à l’échelle nationale, a appartenu à la famille de 1913 à 2007. Le père de l’actuel président l’a lui-même dirigé durant plus de cinquante ans.
Formé à l’orthodoxie économique par l’université Harvard et la London School of Economics (LSE), M. Santos n’a que 21 ans lorsqu’il décroche son premier emploi gouvernemental comme délégué de la Colombie à l’Organisation internationale du café à Londres. Promu ministre du commerce extérieur en 1991, le jeune héritier entame alors une ronde des maroquins qui le conduira jusqu’au poste de ministre de la défense dans le gouvernement de M. Uribe.
Fruit naturel du système politique, présentée comme la garantie de la « continuité », la victoire de M. Santos à l’élection présidentielle de juin 2010 marque pourtant un changement notable. Le nouveau président fait corps avec une élite urbaine, cosmopolite et aux prétentions transnationales dont les préoccupations ne convergent pas toujours avec celles des grands propriétaires terriens. Il prête une oreille moins attentive aux réclamations des caciques et de leurs alliés paramilitaires. Les intérêts qu’il représente l’inclinent plutôt à œuvrer pour une intégration de son pays dans le processus d’union latino-américaine.
Contrairement aux grands propriétaires terriens, le secteur de l’exportation peut s’accommoder d’une amorce de politique redistributive. C’est peut-être ce qui a permis à M. Santos de promulguer en juin 2011 la loi « historique » qui prévoit de restituer leurs terres aux deux millions de Colombiens déplacés au cours des vingt-cinq dernières années du fait de la guerre civile (6).
M. Uribe s’était mis en tête de lier le sort du pays à celui des Etats-Unis, pesant de tout son poids pour obtenir l’adoption d’un traité de libre-échange avec Washington. Son successeur poursuit d’autres priorités : l’intégration latino-américaine (à laquelle il œuvre ardemment) ou le rayonnement international de la Colombie, deuxième économie d’Amérique du Sud (devant l’Argentine), notamment à travers sa participation au groupe des Civets (acronyme anglais pour Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie et Afrique du Sud), qui, à l’image des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et, plus récemment, Afrique du Sud), cherchent à briser l’image d’un monde unipolaire tout en s’assurant l’intérêt des investisseurs.
Le nouveau président se distingue également par son habileté à aplanir les conflits politiques intérieurs, traditionnellement exacerbés en Colombie. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu, comme aimait à le faire M. Uribe, son successeur a préféré amadouer l’opposition, en y piochant plusieurs membres de son gouvernement. Tous les grands partis politiques — à l’exception du Pôle démocratique alternatif (PDA), de gauche — ont désormais droit de cité au sommet du pouvoir.
Ce climat plus détendu ne paraît guère convenir à M. Uribe, qui s’est retourné contre son ancien protégé. En témoigne sa réaction lorsque M. Santos a nommé un membre de l’opposition ministre du travail : une décision « hypocrite » qui donne un « signal d’hostilité contre l’uribisme », a tonné l’ex-président, devenu à présent le plus farouche adversaire de son successeur (7).
Médiation du Chili et du Venezuela
La rupture entre les deux hommes signe aussi l’éclatement de l’ancienne majorité gouvernementale. L’alliance nouée précédemment entre la grande bourgeoisie rurale et les milieux d’affaires de Bogotá a volé en éclats. Pour autant, et en dépit du recentrage engagé par M. Santos, la politique colombienne reste inchangée sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne le cours néolibéral de l’économie.
A première vue, le divorce entre la présidence et les grands propriétaires terriens n’est pas de bon augure pour les négociations de paix. Celles-ci n’ont de chances d’aboutir que si toutes les parties acceptent de s’asseoir à la même table, surtout sur l’épineuse question de la réforme agraire, un chiffon rouge pour les puissants amis de M. Uribe. Les lignes commencent pourtant à bouger. M. Santos a ainsi intégré à son équipe de négociateurs deux généraux à la retraite qui ont longtemps soutenu la ligne dure dans la guerre contre les FARC. L’obstacle de l’oligarchie rurale paraît d’autant moins insurmontable que la plupart des autres secteurs économiques ont hâte de voir la guerre se terminer. Selon une étude de la fondation Idées pour la paix, réalisée à partir de trente-deux entretiens avec des chefs d’entreprise des grandes villes du pays, « la majorité des décideurs économiques estime que la négociation constitue l’issue la plus sûre et la plus souhaitable au conflit armé en Colombie (8) ».
Si les négociations à venir se présentent sous de meilleurs auspices que les tentatives précédentes, c’est aussi parce que ces dernières se sont déroulées dans l’ombre des opérations militaires nord-américaines. C’était la guerre froide dans les années 1980, la guerre antidrogue dans les années 1990, la « guerre contre le terrorisme » dans les années 2000. A l’heure où ces lignes de front s’estompent, du moins en Colombie, et que l’emprise de Washington décline avec elles, les chances de conclure un accord de paix n’ont jamais paru aussi tangibles.
La médiation confiée aux chefs d’Etat du Chili et du Venezuela pourrait jouer un rôle déterminant. Parce qu’ils incarnent les deux extrémités de l’éventail politique latino-américain, MM. Sebastián Piñera et Hugo Chávez seront certainement écoutés. C’est vrai surtout pour le président bolivarien, qui dispose de liens privilégiés avec les FARC sans pour autant approuver leur stratégie de la lutte armée, source d’infinis tracas pour le Venezuela — comme l’afflux de millions de réfugiés colombiens ou la déstabilisation de la zone frontalière.
Le renoncement aux armes n’étant plus une condition préalable aux négociations, une éventuelle rupture du cessez-le-feu ne mettrait pas en péril le processus tout entier. Lors des discussions précédentes, le moindre coup de feu tiré par l’un ou l’autre des belligérants servait d’excuse pour quitter la table et alimenter la spirale guerrière.
L’alternance à la tête de l’Etat colombien, qui n’exprime guère plus qu’un déplacement du rapport de forces au sein du minuscule périmètre des élites dirigeantes, pourrait donc contribuer à mettre fin à l’une des guerres civiles les plus longues et les plus sanglantes de l’histoire. Petit changement, énorme conséquence.
Gregory Wilpert
Sociologue, auteur de Changing Venezuela by taking Power : The History and Policies of the Chávez Government, Verso Press, Londres, 2007
http://www.monde-diplomatique.fr/2012/10/WILPERT/48247
Rompiendo el silencio
En Colombia hay 51 mil desaparecidos
http://lawg.org/storage/documents/Colombia/RompiendoElSilencio.pdf
LA C.I.A. RECLUTA UNIVERSITARIOS HISPANOS EN TODO EL MUNDO
«Los hispanos en la mira de la CIA», titulaba un despacho de la BBC-Mundo del 20 de octubre último. Nadie se dio por enterado.
Se informaba que la Agencia Central de Inteligencia de Estados Unidos, CIA, “en su proceso de reclutamiento” había establecido “un convenio con la Asociación Hispana de Universidades” (HACU, por sus siglas en inglés)
El objetivo de la CIA, se decía, era encontrar “a jóvenes hispanos que sean graduados universitarios que residan en EE.UU y Europa y que han manifestado un interés en temas internacionales.”
La HACU, cuya sede se encuentra en San Antonio, Texas, “representa a más de 450 centros de estudios superiores en EE.UU., América Latina y Europa cuyo alumnado de origen hispano supera el 25%.”
Según BBC-Mundo, Harold Smith, profesor emérito de la Universidad de California en Berkeley y experto en seguridad e inteligencia, encomió los esfuerzos de la CIA de ampliar la presencia hispana en sus filas.
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